Ce mardi marque le 20e anniversaire de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse, qui avait coûté la vie à 31 personnes. Un “parcours mémoriel” officiel sera inauguré, mais des positions irréconciliables persistent entre les associations de victimes.
Vingt ans plus tard, Toulouse commémore, mardi 21 septembre, l’explosion meurtrière de l’usine AZF qui a traumatisé la Ville rose avec, une fois de plus, des hommages en ordre dispersé.
Élus territoriaux, représentants de l’État et certaines associations de victimes, dont les anciens salariés d’AZF, se réuniront vers 10 h sur le site de l’ex-usine chimique entièrement détruite lors de la plus grande catastrophe industrielle française depuis 1945.
Comme tous les ans le 21 septembre, les sirènes retentiront à 10 h 17, heure de l’explosion, puis les noms des 31 personnes décédées seront égrenés avant le dépôt de gerbes et une minute de silence.
Le maire Les Républicains (LR) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, dévoilera ensuite un parcours mémoriel, autour d’un mémorial déjà existant qui est l’oeuvre de l’artiste Gilles Conan. Il sera composé de neuf panneaux retraçant l’histoire de l’usine, son passé industriel, la catastrophe elle-même, puis l’après-catastrophe avec les procès et le renouveau du site, explique la mairie.
Une volonté affichée de raviver ce lieu de mémoire peu connu des Toulousains et dont l’accès depuis la route était jusqu’alors mal signalé.
La cérémonie officielle boycottée
Un peu plus tôt, vers 9 h 30, une autre commémoration se tiendra à deux kilomètres de là, au rond-point dit du 21-septembre, à laquelle participent notamment l’association des Sinistrés du 21 septembre et l’association “Plus jamais ça”.
Celles-ci boycottent la cérémonie officielle, n’étant pas satisfaites du résultat final du parcours mémoriel.
Elles refusent aussi catégoriquement de figurer aux côtés des représentants de Total qu’elles ont toujours tenu pour responsable, et des anciens salariés de l’usine.
Car 20 ans plus tard et malgré la condamnation définitive de l’ex-directeur du site et de l’entreprise, l’association Mémoire et Solidarité d’anciens salariés d’AZF rejette la thèse retenue par la justice selon laquelle le mélange malencontreux de produits chimiques, dû à des “négligences” ou des “manquements aux obligations de prudence”, a provoqué la déflagration.
Une bataille judiciaire de 18 ans
Le 21 septembre 2001, plus de 300 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans un hangar du complexe chimique d’AZF, à cinq km du centre-ville, explosent.
Une onde sismique de 3,4 sur l’échelle de Richter sera enregistrée, relayée par une onde sonore qui porte le bruit de la détonation jusqu’à 80 km de la ville, elle-même accompagnée d’un effet de souffle destructeur et meurtrier.
En plus des 31 morts, la catastrophe fait des milliers de blessés. Et des dizaines de milliers de dossiers d’indemnisation seront ouverts, pour dommages corporels ou matériels.
La bataille judiciaire, qui a duré 18 ans, entraîne la condamnation en 2017 de l’ex-directeur du site Serge Biechlin à 15 mois d’emprisonnement avec sursis et 45 000 euros d’amende. La cour inflige à la société propriétaire de l’usine et filiale de Total, Grande Paroisse, 225 000 euros d’amende.
Les deux sont reconnus coupables de “fautes caractérisées” commises par “maladresse”, “négligence” ou encore “manquement aux obligations de prudence”. Leurs pourvois en cassation sont rejetés le 17 décembre 2019.
Des stigmates
Aujourd’hui, l’usine chimique a disparu, faisant place à un centre de recherche sur le cancer et à une centrale photovoltaïque, mais l’épicentre de l’explosion, l’ancien “cratère”, reste un terrain vague non dépollué.
Et à l’occasion du 20e anniversaire de l’explosion, plusieurs ouvrages – historique, biographique ou photographique – et documentaires ont vu le jour, avec souvent comme objectif déclaré : éviter que ce douloureux chapitre de l’histoire de la Ville rose ne tombe progressivement dans l’oubli.
Avec AFP