L’Allemagne vote, dimanche 26 septembre, pour renouveler les membres du Bundestag. Ces élections générales doivent permettre de désigner le successeur d’Angela Merkel. Après quatre mandats et 16 ans à la tête de la chancellerie, la leader européenne tire sa révérence.
Qui pour succéder à Angela Merkel ? C’est tout l’enjeu des élections générales allemandes du dimanche 26 septembre.
Mais il faudra patienter avant de connaître le résultat final de ce scrutin historique – qui marquera la fin des seize années d’Angela Merkel à la tête de la chancellerie – et le nom du futur chef de gouvernement de la première puissance économique européenne.
La faute à un mode de scrutin particulier et à un jeu d’alliances complexe qui dominent le paysage politique allemand depuis des décennies. Voici un guide pour tout comprendre au vote du 26 septembre.
Qui est élu dimanche ? Les Allemands ne votent pas directement pour le futur chancelier. Ils vont élire les députés qui composeront le Bundestag, c’est-à-dire l’équivalent allemand de l’Assemblée nationale. C’est un peu l’équivalent des législatives françaises.
Mais contrairement à l’Hexagone, les Allemands ne savent pas à l’avance combien de députés seront désignés à l’issue du scrutin. En théorie, le Bundestag est prévu pour 598 élus… mais, depuis 2002, il y en a toujours plus, et le dernier record, 709 en 2017, devrait être pulvérisé cette fois-ci. Il pourrait, en effet, y en avoir plus de 800, voire près de 1 000. Pourquoi ? C’est l’une des principales conséquences du mode de scrutin allemand très complexe.
Comment vote-t-on ? Les électeurs allemands ont chacun deux voix. La première sert à désigner le représentant de sa circonscription à l’issue d’un vote uninominal à la majorité simple. C’est ainsi que sont élus 299 députés, assurés d’avoir un siège dans le futur Bundestag.
Les électeurs votent en parallèle une deuxième fois pour une liste au niveau national. C’est ce vote qui compte le plus : il fixe la répartition à la proportionnelle du nombre total de sièges au Bundestag entre les différents partis qui ont obtenu plus de 5 % des voix.
C’est de ce résultat à la proportionnelle que découle le nombre d’élus par Land que chaque parti peut en théorie envoyer au Bundestag. Mais voilà : il arrive que certains partis obtiennent plus de députés que ce à quoi ils ont droit d’après les résultats du vote pour les listes nationales.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils ont davantage de candidats élus grâce au vote uninominal par circonscription. Des candidats d’un parti peuvent, par exemple, remporter huit circonscriptions dans un Land et n’avoir droit qu’à cinq députés d’après la répartition faite à l’issue du vote national. Finalement, ce parti pourra pourtant bel et bien envoyer huit élus au Bundestag.
Une situation qui peut surprendre mais qui est plus fréquente qu’on ne pourrait l’imaginer : lors des élections en 2017, 13 Länder, sur les 16 en Allemagne, ont vu certains partis – essentiellement la SPD et la CDU – envoyer plus d’élus au Bundestag grâce au vote uninominal.
Pour compenser ce surplus de députés qui fausse le rapport de force fixé par le vote à la proportionnelle, les partis floués se voient attribuer des mandats supplémentaires pour rétablir l’équilibre. D’où l’inflation d’élus…
Qui se présente ? Quarante-sept partis présentent 6 211 candidats, soit sur des listes, soit individuellement dans les circonscriptions, dans toute l’Allemagne.
Les six principales formations qui espèrent se partager les sièges du Bundestag sont les deux grands partis historiques – la CDU (centre droit) et le SPD (centre gauche) –, les écologistes des Verts, le mouvement populiste d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), les libéraux du FDP et le parti de gauche radicale Die Linke.
Certains partis ne se présentent que dans un seul Land, comme le Gartenpartei – littéralement le parti des jardiniers – qui n’a des candidats qu’en Saxe-Anhalt ou le parti européen de l’Amour qui se concentre sur la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Cette année, un parti se revendiquant ouvertement du nazisme présente des candidats dans deux Länders, la Saxe et la Bavière. Le IIIe Weg (IIIe Voie) – une référence à peine voilée au IIIe Reich – qui ne cache pas son antisémitisme et son racisme, a beaucoup fait parler de lui avec ses affiches de campagne appelant à “pendre” les candidats écolos.
Quand connaîtra-t-on le nom du successeur d’Angela Merkel ? Les premiers résultats tomberont à partir de 18 h, dimanche 26 septembre. Ils permettront de savoir quel est le parti en tête à l’issue du scrutin.
Commence alors pour cette formation, la grande valse des tractations pour tenter de bâtir une coalition qui sera le fondement du futur gouvernement. Sauf si un parti obtient la majorité absolue à l’issue des élections, ce qui n’est plus arrivé depuis 1961.
Ces négociations peuvent durer. Il aura fallu à la CDU d’Angela Merkel 117 jours pour parvenir à former un gouvernement après les élections de 2017.
Les partis appelés à gouverner ensemble se mettent d’accord sur le nom du futur chancelier. Ce dernier se présente, enfin, devant le nouveau Bundestag qui doit l’élire officiellement.
À l’heure actuelle, les principaux candidats pour ce très convoité poste sont : Olaf Scholz pour la SPD, Armin Laschet, soutenu par la CDU et la CSU, Annalena Baerbock pour les Verts, et Christian Lindner qui porte les couleurs des libéraux du FDP. L’AfD présente, quant à lui, un duo formé de Tino Chrupalla et Alice Weidel.