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Décès d'Abdelaziz Bouteflika : réactions mitigées de la rue, embarras des autorités algériennes

Au lendemain de la mort de l’ancien président algérien, Abdelaziz Bouteflika, les réactions se sont multipliées en Algérie. Des réactions mitigées, souvent embarrassées des autorités. De leur côté, les médias locaux ont brièvement fait état du décès, sans y consacrer d’émissions spéciales. Les drapeaux seront mis en berne “pendant trois jours” à compter de samedi, mais aucune annonce officielle n’a été faite sur la date et le lieu des funérailles.

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L’ancien président Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après vingt ans à la tête de l’Algérie, s’est éteint à l’âge de 84 ans, un décès qui a suscité, samedi 18 septembre, des réactions embarrassées des autorités et mitigées de la rue.

Omniprésent durant deux décennies mais quasi invisible depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, Abdelaziz Bouteflika, qui détient un record de longévité au pouvoir (1999-2019), est décédé vendredi dans sa résidence à Alger.

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Il n’avait donné aucun signe de vie depuis que les manifestations du mouvement pro-démocratie Hirak et l’armée l’avaient contraint à la démission le 2 avril 2019.

Dans la nuit, la présidence s’est contentée d’un communiqué laconique annonçant le décès de l’ex-président Bouteflika, “à son lieu de résidence à 22h” locales.

Il a ensuite fallu plusieurs heures aux autorités pour réagir en décrétant que les drapeaux seraient mis en berne “pendant trois jours” à compter de samedi. Une décision prise par le président Abdelmadjid Tebboune, après “le décès de l’ancien président, le Moudjahid (combattant de l’indépendance, ndlr) Abdelaziz Bouteflika“, selon un communiqué présidentiel.

Les radios et télévisions locales ont brièvement fait état du décès, sans y consacrer d’émissions spéciales. Les radios ont continué de diffuser de la musique et du divertissement alors que l’information a figuré en entrefilet sur le site du journal gouvernemental El Moudjahid.

“Paix à son âme, mais il ne mérite aucun hommage”

Aucune annonce officielle n’a été faite sur la date et le lieu des funérailles.

Des médias ont affirmé que l’ex-président serait inhumé dimanche au carré des martyrs du cimetière d’El-Alia, dans l’est d’Alger. C’est là que reposent tous ses prédécesseurs, aux côtés des grandes figures et martyrs de la guerre d’indépendance (1954-1962).

D’autres ont affirmé, citant des sources proches de sa famille, qu’il serait enterré dans l’intimité dans un cimetière à Ben Aknoun, sur les hauteurs de la capitale, où reposent sa mère et deux de ses frères.

Selon des témoins, des préparatifs sont en cours aux alentours du Palais du Peuple, bâtiment d’apparat du centre d’Alger, pour accueillir la dépouille de l’ex-président avant un enterrement avec tous les honneurs.

Dans la rue, les Algériens ont oscillé entre commentaires acrimonieux et ambivalents sur son héritage.

“Paix à son âme. Mais il ne mérite aucun hommage car il n’a absolument rien fait pour le pays”, a déclaré à l’AFP Rabah, un marchand de fruits et légumes à El Achour, sur les hauteurs de la capitale.

Pour Malek, un employé des télécommunications, l’ex-président “a été incapable de réformer le pays en dépit de son long règne”.

“Il a eu droit à une vie dorée, y compris depuis qu’il a été évincé du pouvoir. Mais force est de constater que son héritage n’est pas des plus reluisants”, abonde Mohamed, un menuisier de 46 ans.

“Un contentieux”

Depuis sa démission en avril 2019, celui que les Algériens appelaient familièrement “Boutef” s’était enfermé dans la solitude de sa résidence médicalisée de Zeralda à Alger, où il a continué à jouir de tous les privilèges, selon des médias.

Au contraire, d’autres Algériens interrogés dans la rue estiment que le pays s’est amélioré durant sa présidence, dans une allusion au processus de réconciliation après la décennie noire de guerre civile de 1992 à 2002 (200 000 morts).

“Il était reçu dans n’importe quel pays du monde”, a dit Amer, 46 ans, plongeur dans un restaurant, en référence à son passé d’ancien chef de la diplomatie des présidents Ahmed Ben Bella et de Houari Boumedienne.

Mustapha, un lycéen de 19 ans, qui n’a connu que lui comme président, estime qu’il “a apporté du positif”.

Mais pour le spécialiste du monde arabe Hasni Abidi, Abdelaziz Bouteflika, chassé des sphères du pouvoir en 1979 par le “système”, était en 1999 un “président blessé et humilié, revenu vingt ans plus tard pour régler ses comptes”.

Il “avait un contentieux avec l’Algérie”, a expliqué à l’AFP cet expert du centre d’études CERMAM de Genève. “Sinon, comment comprendre l’état dans lequel se trouve le pays après deux décennies de règne sans partage.”

Avec AFP

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