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Clément Beaune : “C'est une grave rupture de confiance avec l'Australie”

En cette rentrée européenne, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, parle entre autres du discours sur l’état de l’Union européenne de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. il est aussi question de la nécessité d’une défense européenne après l’annulation du contrat d’achat de sous-marins français par l’Australie, ainsi que de la présidence française de l’Union européenne, concomitante de l’élection présidentielle en France.

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Lors de son discours sur l’état de l’Union européenne, Ursula von der Leyen a estimé que la Commission européenne et les états-membres avaient parfaitement géré la crise sanitaire. À cette occasion, certains ont critiqué l’inaction d’Ursula von der Leyen, comme Dacian Ciolos, le chef du groupe Renew au Parlement européen – dont les élus la République en Marche font parti. Mais Clément Beaune ne partage pas ce point de vue et souhaite surtout “rendre hommage” à son travail et insiste sur le fait qu’il n’y avait pas de compétence européenne en matière sanitaire. Il se range donc à l’avis de la présidente et souligne par ailleurs que “des critiques parfois excessives ont été relayées. Il faut donc aussi dire quand on a bien fait d’agir au niveau européen”. 

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Clément Beaune salue également la décision “pragmatique et indispensable” de la Commission de suspendre les règles budgétaires dès mars 2020 et ne souhaite pas “revenir trop vite au pacte à l’ancienne”. S’il soutient toutefois la nécessité de ces règles budgétaires, car “c’est notre règlement de copropriété”, “les 3 % et les 60 % ne sont pas la bonne clé d’entrée”, selon lui. Mais il faut en revanche à terme “laisser de la marge de manœuvre pour l’investissement”, car “on ne peut pas se permettre d’avoir une Europe qui, comparée aux États-Unis ou à la Chine, n’a pas des moyens massifs dans la transition écologique ou dans la transition numérique”.

Clément Beaune souligne, enfin, l’importance d’un tandem franco-allemand fort car “les choses fonctionnent quand il est à l’initiative”. Il rappelle que dès l’été 2020, la France et l’Allemagne ont fait en premier le choix d’acheter les doses de vaccin au niveau européen “parce que c’était l‘intérêt collectif” et afin d’éviter “une compétition commerciale et sanitaire” entre les états-membres, car nul ne sait “dans quel état nous en serions ressortis”. Cette solidarité était également “notre intérêt sanitaire”, ajoute-t-il. 

Europe de la défense

Un sommet de la défense aura lieu à Toulouse au début de la présidence française de l’Union européenne. Avec la débâcle américaine en Afghanistan, certains pays européens qui hésitaient à s’engager dans l’autonomie stratégique défendue par la France y réfléchissent de nouveau. Pour Clément Beaune, cette autonomie stratégique relève surtout de la “souveraineté européenne” en matière de défense, soutenue par Emmanuel Macron depuis le début de sa présidence. ll entend les intérêts divergents des états-membres, notamment avec les Pays Baltes qui se demandent si “c’est à côté de l’Otan ou contre l’Otan”, à laquelle ils sont très attachés. Il souligne toutefois la nécessité d’investir plus dans une défense européenne, notamment en ce qui concerne la cybersécurité, car “pourquoi les Américains assureraient notre défense en (la) matière ? C’est à nous de le faire ! Et c’est un diagnostic partagé avec Washington.” “On doit le faire en Européens”, d’autant plus que nous avons “l’expertise, les moyens financiers et la capacité de le faire en Europe”. 

Il s’insurge par ailleurs contre la décision de l’Australie de dénoncer le contrat qui la liait à la France pour la construction de sous-marins au profit des États-Unis et du Royaume-Uni car c’est “une grave rupture de confiance de la part de l’Australie”. Et cela pourrait remettre en cause les autres négociations avec le pays car “si on n’a plus confiance, on ne peut pas avancer et je ne vois pas comment on peut faire confiance aux partenaires australiens”. Quant à l’attitude de Washington, “America first demeurera”, analyse Clément Beaune. Et nos voisins britanniques, en quittant l’Union européenne, “sont revenus dans le giron américain avec une forme de vassalisation acceptée”. Il faut donc “agir en Européens” et “renforcer nos capacités de réflexion, d’autonomie stratégique et de défense”, conclut-il.

Situation des réfugiés afghans

L’arrivée au pouvoir des Taliban en Afghanistan fait craindre à certains en Europe une vague de réfugiés. La France, en période pré-électorale, nuance le propos quant à leur accueil sur le sol européen. Clément Beaune rappelle que la France a été “le premier pays de l’Union européenne à accueillir des Afghans qui étaient menacés dans leur pays et qui ont droit à l’asile, avant même l’arrivée des Taliban au pouvoir” cet été. La France continuera cet engagement car “c’est notre honneur et ceux qui nous expliquent qu’on n’a pas à le faire, on ne leur doit rien”. Mais cela ne veut pas pour autant dire “accueil sans condition et sans limite. Il faut être à la fois honnête et raisonnable.”

Le “courage” d’Angela Merkel

En 2015, Angela Merkel avait, elle, agi sans consulter ses partenaires européens pour accueillir les réfugiés. Elle avait dans un autre domaine toujours refusé toute dette commune de l’Union européenne, jusqu’à la crise sanitaire. Alors qu’elle s’apprête a quitte le fauteuil de Chancelière qu’elle occupe depuis 16 ans, Clément Beaune tient à saluer une femme “qui a eu du courage”, même s’il pense qu’il “eut fallu plus de coopération européenne” dans certaines de ses décisions.

Il souligne toutefois que dans tous les grands moments de tests européens récents – la crise sanitaire, la crise migratoire, le Brexit – l’Allemagne et la France ont eu des “débats, mais très vite, elles se sont mises d’accord”. Angela Merkel “entraîne dans son sillage un engagement européen de l’Allemagne” qui durera, espère-t-il, et “qui sera son héritage”.

Élection présidentielle française et présidence de l’Union européenne

L’élection présidentielle française est prévue en avril, en pleine présidence française de l’UE. La France n’a pas souhaité modifier le calendrier, ce qui était possible et avait déjà été fait par le passé pour d’autres pays dans la même situation. Clément Beaune argue que l’inverse s’est également déjà produit, et affirme que cela “aurait été curieux et pas très responsable”, en tant “qu’engagés de l’Europe” d’envoyer un message de doute quant à la capacité du président français de mener les deux de front.

Certains spéculent sur le départ de Clément Beaune de ses fonctions de secrétaire d’État aux Affaires européennes, pour rejoindre la campagne d’Emmanuel Macron. Il s’en défend et confirme qu’il “sera aux manettes sur les questions européennes et sur la présidence française de l’Union européenne” pendant cette période. Il considère comme un “honneur” pour lui d’occuper ces fonctions car “une présidence française dans une Europe à 27 vous en avez tous les 15 ans, et la prochaine sera en 2035”. Il ne compte donc pas “bouder son plaisir d’engagé de l’Europe”.

Une émission préparée par Isabelle Romero, Céline Schmitt, Perrine Desplats et Yi Song.

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