Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, s’est entretenu lundi avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, lors d’un déplacement rare en Égypte, renouant ainsi avec les rencontres au sommet entre les deux États. Les deux hommes ont abordé le dossier sécuritaire et le conflit israélo-palestinien.
Le dirigeant israélien Naftali Bennett a effectué, lundi 13 septembre, une brève visite en Égypte, la première d’un chef de gouvernement israélien en dix ans.
La visite de Naftali Bennett marque une “étape importante vu le développement des relations sécuritaires et économiques” entre les deux pays et de leur “préoccupation commune” vis-à-vis de Gaza, estime Nael Shama, spécialiste de la politique étrangère égyptienne.
Premier pays à avoir signé la paix avec Israël en 1979, l’Égypte a longtemps joué les médiateurs pour mettre fin aux cycles de violence entre Israël et le mouvement palestinien Hamas au pouvoir à Gaza et pour tenter de réconcilier le Hamas avec l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
Gaza au centre des préoccupations
Quelques jours après avoir reçu Mahmoud Abbas, Abdel Fattah al-Sissi a invité à Charm al-Cheikh, sur la mer Rouge, le très droitier Bennett. Les deux hommes ont évoqué les “efforts pour relancer le processus de paix” israélo-palestinien, au point mort depuis 2014, a indiqué la présidence.
D’après une source diplomatique israélienne, le chef de l’État hébreu a abordé le sort des corps de deux soldats israéliens tués en 2014 à Gaza et de deux civils, entrés de leur propre gré dans l’enclave palestinienne et détenus depuis.
Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays est bordé à l’est par la bande de Gaza et Israël, a lui plaidé pour la reconstruction des infrastructures et des bâtiments détruits à Gaza sous blocus israélien depuis plus de 15 ans.
Dimanche, le chef de la diplomatie Yaïr Lapid avait proposé d'”améliorer” les conditions de vie des Gazaouis en échange d’un engagement au “calme” du Hamas. Il a mis en avant “le soutien et l’implication des partenaires égyptiens” pour l’appliquer.
Coopération économique et lutte contre le terrorisme au Sinaï
Alors que Abdel Fattah al-Sissi avait reconnu que son armée entretenait avec Israël la coopération “la plus étroite” de leur histoire contre les “terroristes” dans la péninsule égyptienne du Sinaï (est), la question de la lutte contre le “terrorisme” a été au menu des discussions de Charm el-Cheikh, où étaient présents les dirigeants sécuritaires égyptiens et israéliens.
En échange de la paix, l’Égypte a récupéré sa souveraineté sur le Sinaï occupé par Israël en 1967, mais elle a été forcée de le démilitariser. Or, depuis 2013, elle fait face à une insurrection menée par une branche des jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI) qui a remis en cause cet état de fait.
Les deux pays ont dernièrement développé leurs liens dans le domaine énergétique. Depuis 2020, l’Égypte reçoit du gaz naturel d’Israël pour le liquéfier et le réexporter vers l’Europe, un accord évalué à 13,3 milliards d’euros.
Vis-à-vis d’une population égyptienne longtemps résolument hostile à la normalisation avec Israël, le fait que depuis 2020, quatre pays arabes (les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan) aient normalisé les liens avec l’État hébreu a changé la donne.
Et surtout, explique à l’AFP le politologue Mostafa Kamel al-Sayed, à la différence de l’ère Moubarak, “le régime Sissi est parvenu à domestiquer l’opposition” après une large campagne de répression.
Avec AFP