À la une de la presse, ce mercredi 8 septembre, l’ouverture à Paris du méga-procès des attentats du 13 novembre 2015.
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Le début ce mercredi du méga-procès des attentats du 13 novembre 2015 fait la une de la quasi-totalité des quotidiens français.
Avant de parcourir ces unes du jour, je vous propose de revoir tout d’abord celles du 14 novembre 2015, publiées quelques heures seulement après les attentats. La presse française est sous le choc, abasourdie par la violence et l’ampleur de ces attaques – les plus meurtrières en Europe depuis 40 ans, après les attentats de Madrid du 11 mars 2004. Ce jour-là, l’horreur est en première page et plusieurs quotidiens, dont Le Parisien et Le Figaro parlent même d’une “guerre” en plein Paris. 130 morts, des centaines de blessés. L’onde de choc est immense, et traverse les frontières. Et ce sont les mêmes mots, qu’on retrouve à la une la presse étrangère, de New York à Madrid : “massacre”, “terreur”. “À nouveau Paris”, écrit le quotidien flamand De Standaard, avec une photo du Carillon, rue de Charonne, l’un de ces cafés pris pour cible par les jihadistes. Paris, déjà frappée, cette année-là, par le terrorisme islamiste, avec les attaques du 7 janvier contre la rédaction de Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.
Par sa durée – plus de huit mois – et le nombre de parties civiles – 1 800 –, le procès est présenté comme “historique”. Six ans après les attaques, c’est le temps, désormais, de la justice – même si les organisateurs des attentats ne seront pas dans le box où seront seulement présents 14 des 20 accusés, dont 4, au moins, sont peut-être morts, relève 20 Minutes. Les audiences qui débutent mercredi constituent l’aboutissement de six ans d’investigation, une enquête tentaculaire, qui remonte jusqu’au cœur du groupe État islamique, rappelle La Croix. Le journal voit dans ce procès, “dans ce qu’il manifeste du respect dû aux victimes comme des droits des accusés”, “une réponse en soi à l’idéologie totalitaire” de l’organisation jihadiste.
Un procès “pour faire face”. “Mais comment trouver les mots pour raconter l’horreur ?” Ce procès permettra-t-il de “délier la parole”, de “réconforter les survivants et d’assister les proches des victimes” ? Questions de Libération, qui espère, malgré tout, voir la justice l’emporter face à la “barbarie”. Une justice pour “réparer les vivants” – un titre emprunté à un roman de Maylis de Kerangal. Une photo du chagrin immense au lendemain des attentats. “La justice, toute la justice, rien que la justice : voilà ce que nous attendons” – L’Humanité rappelle que “l’impérieux devoir de justice est tout le contraire de la haine” et met en garde contre toute tentative d’instrumentalisation politique de ce procès, en cette année de campagne présidentielle.
Seul membre des commandos du 13-Novembre encore vivant, Salah Abdeslam comparaîtra aux côtés de 13 complices présumés. Ce Français, né à Bruxelles dans une famille marocaine, est présenté par Le Parisien comme “le principal protagoniste de ce procès”. Un homme dont le parcours serait la preuve d’une forme de cécité, selon le journal. “Comme si, pendant des années, on avait voulu croire que Daech aspirerait une partie de la jeunesse occidentale dans le seul but de peupler son califat. Sans imaginer qu’elle reviendrait un jour régler ses propres démons sur notre sol.” Pour Le Figaro, qui consacre sa une à l’immobilier et au boom” des villes moyennes, la messe est dite : ce procès, quoi qu’il arrive, ne suffira pas à “solder l’héritage de ces jours où la barbarie a pris le pas sur la civilisation”, car la menace “n’a pas disparu” et “se nourrit chaque jour de nos petits et grands renoncements” présumés face à “l’obscurantisme islamiste”.
En Belgique, où certains auteurs des attaques de Paris seront également jugés pour le double attentat de mars 2016 à Bruxelles, les audiences seront évidemment suivies de très près. “À l’horreur, la justice française devra répondre par l’exemplarité. Quelle que soit son ampleur, le procès ne devra verser ni dans la démesure ni dans la surenchère. Car ce n’est pas un procès d’exception, mais un procès irréprochablement ordinaire qui fera l’honneur d’une nation dont les valeurs n’ont jamais vacillé depuis près d’une décennie de terrorisme islamiste”, écrit Le Soir. Appliquer la justice ordinaire face à des hommes persuadés que la vraie justice n’est pas de ce monde – et si le vrai défi était là ?
À voir pour terminer avec le dessin de Chappatte, pour le quotidien suisse Le Temps. “Seul Allah est mon juge”, clame un accusé. “Oui, bon, pour le moment, vous êtes en premier instance”, rappelle le juge. Le droit “divin” face à la justice humaine.
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