Damas s’est dit “prêt” à aider Beyrouth pour ses approvisionnements en énergie, avec l’aval des États-Unis, qui passeront outre leurs sanctions contre la Syrie. Le Liban traverse l’une des pires crises économiques au monde et connaît de graves pénuries de carburant et des coupures d’électricité.
Le gouvernement syrien va aider le Liban. Damas a accepté d’autoriser le transit sur son territoire des importations du pays du Cèdre en gaz et en électricité, a indiqué, samedi 4 septembre, un haut responsable libanais après la visite à Damas d’une importante délégation, la première en dix ans.
La Syrie est “prête” à aider le Liban en ce qui concerne “le passage du gaz égyptien et de l’électricité jordanienne via le territoire syrien” a déclaré le haut responsable libanais Nasri Khouri, en conférence de presse.
À court de devises étrangères, le Liban connaît de graves pénuries de carburant et des coupures d’électricité qui paralysent en grande partie les services et les activités des hôpitaux, restaurants, magasins et industries.
Avec un feu vert exceptionnel des États-Unis, le Liban va essayer d’acheminer, via la Syrie et ses infrastructures, du gaz égyptien mais aussi de l’électricité venue de Jordanie, et ce malgré les sanctions américaines visant le pouvoir syrien.
Première visite officielle depuis 10 ans
La délégation ministérielle libanaise, composée de la vice-Premier ministre du gouvernement intérimaire, Zeina Akkar, du ministre des Finances, Ghazi Wazni, et de l’influent directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, avait rencontré plus tôt le chef de la diplomatie syrienne, Fayçal Moqdad, et le ministre du Pétrole, Bassam Tohmé.
Il s’agit de la première visite officielle libanaise à un tel niveau en une décennie. Le conflit syrien avait profondément divisé la classe politique libanaise et ouvert un débat sur la nature des relations à entretenir avec Damas.
Les deux pays ont maintenu leurs relations diplomatiques, mais les visites officielles sont restées quasi inexistantes.
Les sanctions américaines contre la Syrie, plus un obstacle
Dans une Syrie aux infrastructures ravagées par le conflit déclenché en 2011, des travaux seront nécessaires pour permettre l’acheminement des importations énergétiques, depuis la Jordanie voisine et en passant par la mer Rouge pour le gaz égyptien.
Le comité conjoint va évaluer “dans quel état se trouvent les infrastructures”, a indiqué à des journalistes le ministre syrien Bassam Tohmé, car “les infrastructures, gazières ou électriques, ont essuyé des dommages importants”.
Concernant l’achat du gaz égyptien et les coûts de transport, la présidence libanaise avait auparavant évoqué des négociations menées par Washington avec la Banque mondiale pour sécuriser des financements.
Si le Liban négocie avec Le Caire depuis plus d’un an sur la question de l’énergie, les sanctions américaines contre la Syrie avaient toujours constitué un obstacle. Mais en août, la position américaine s’est assouplie : la présidence libanaise avait évoqué un feu vert donné par Washington pour autoriser le Liban à obtenir de l’énergie et du carburant transitant par la Syrie, malgré les sanctions américaines.
Depuis l’automne 2019, le Liban traverse l’une des pires crises économiques au monde depuis le milieu du XIXe siècle, selon la Banque mondiale. Avec une dépréciation inédite de la monnaie nationale et une inflation galopante, près de 80 % de la population libanaise vit désormais sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.
Avec AFP