La police du Monténégro a dispersé, dimanche matin, des centaines de manifestants déterminés à empêcher la cérémonie d’intronisation du chef au Monténégro de l’Église orthodoxe serbe, un événement qui attise les tensions identitaires dans ce minuscule pays des Balkans.
Les manifestants réclament que la cérémonie soit organisée ailleurs. La police du Monténégro a dispersé, dimanche 5 septembre au matin, des centaines de personnes qui tentaient d’empêcher l’intronisation dans la ville historique de Cetinje du chef de l’Église orthodoxe serbe (SPC), a rapporté la télévision publique (RTCG).
Les forces spéciales de la police ont tiré à plusieurs reprises des salves de gaz lacrymogène sur des manifestants rassemblés sur la place centrale de la petite ville du sud du pays des Balkans en proie depuis plusieurs jours à de vives tensions identitaires.
L’annonce de la tenue, dimanche, de la cérémonie d’intronisation de l’évêque Joanikije dans le monastère de Cetinje, l’ancienne cité royale dans le sud du pays, a provoqué ces derniers jours de vives tensions au Monténégro, où le pouvoir a basculé fin 2020 dans les mains d’un gouvernement considéré comme proche de l’Église orthodoxe serbe.
Selon des images diffusées sur le site du quotidien Vijesti, l’évêque Joanikije, ainsi que le patriarche de l’Église orthodoxe serbe, Porfirije, sont arrivés devant le monastère par hélicoptère, entourés de membres de commandos de la police.
Un symbole qui fâche
Plusieurs milliers de Monténégrins, qui réclament que la cérémonie soit organisée ailleurs que dans ce monastère qu’ils voient comme un symbole de l’identité nationale, ont barré les routes d’accès à la ville à l’aide de barricades.
Les opposants sont soutenus par le DPS, le parti du président monténégrin Milo Djukanovic qui a perdu le pouvoir lors des législatives de 2020.
Les manifestants ont passé la nuit sur les barricades autour de feux allumés pour se réchauffer, a rapporté une correspondante de l’AFP. “Je suis ici pour témoigner mon amour pour le pays. Nous ne réclamons rien à quelqu’un d’autre, mais nous sommes niés par l’occupante Église serbe. Nous défendons ici notre dignité”, a déclaré Saska Brajovic, une fonctionnaire de 50 ans.
“C’est une manifestation paisible, c’est l’amour pour le pays. La politique serbe, avec ses adeptes au Monténégro, nous nie, et nous voulons montrer que nous existons et que nous voulons être respectés”, a dit Marija, une infirmière de 57 ans.
Un pays divisé
Le Monténégro est devenu indépendant de la Serbie en 2006 après quasiment 90 ans de vie commune mais entretient des relations complexes avec le pays voisin.
Un tiers des 620 000 habitants s’identifient comme Serbes et certains nationalistes dénient au Monténégro une identité séparée. La SPC est la religion dominante dans le petit pays mais ses adversaires l’accusent de servir les intérêts de Belgrade.
Avec AFP