Alors que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dévoilé, samedi, à Marseille, sa nouvelle liste des espèces menacées, un rapport publié cette semaine révèle qu’un tiers des espèces d’arbres pourraient disparaître à travers le monde.
Les animaux ne sont pas les seuls êtres vivants à pâtir de l’activité humaine et de la hausse des températures : un tiers des espèces d’arbres sont menacées d’extinction, alerte dans une étude publiée mercredi 1er septembre, des experts du Botanical Gardens et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Au total, plus de 500 scientifiques ont travaillé pendant 5 ans sur ce rapport. Leur constat est sans appel : sur les 58 497 espèces d’arbres étudiées, 17 510 seraient menacées d’extinction, soit 30 %, et au moins 142 seraient enregistrées comme éteintes. Même des arbres communs, comme les magnolias, font partie des plus menacés, les chênes, érables et ébènes n’étant pas épargnés.
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“De nombreuses espèces sont au bord de l’extinction, certaines comptant encore un seul individu vivant”, s’alarme Jean-Christophe Vié, directeur général de la fondation Franklinia basée en Suisse, dans la présentation du rapport.
Maladies, exploitation forestière, déforestation pour faire place à des cultures ou de l’élevage sont les plus grandes menaces pesant sur les arbres.
L’Amazonie et les forêts tropicales en danger
Pays le plus touché par cette extinction de masse, le Brésil, qui abrite une large part de la forêt amazonienne. Celle-ci compte près de 1 800 espèces menacées sur les 9 000 présentes sur son territoire, conséquence de l’agriculture intensive.
Les incendies jouent aussi un rôle dans cette catastrophe écologique. Chaque année, les foyers se multiplient lors de la saison sèche d’août à novembre, lorsque les fermiers abattent des arbres puis les brûlent sur place pour dégager des terres cultivables.
Le mois dernier, l’agence spatiale INPE a enregistré 28 060 feux en Amazonie, un chiffre en baisse de 4,3 % par rapport à août 2020, mais bien supérieur à la moyenne de 18 000 foyers lors de la décennie ayant précédé l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro.
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Sous le mandat du président d’extrême droite, la partie brésilienne de l’Amazonie a perdu quelque 10 000 km2 de forêt par an, la superficie d’un pays comme le Liban, contre 6 500 km2 par an lors de la précédente décennie.
Mais la plus forte proportion d’espèces menacées se trouvent dans les régions tropicales d’Afrique, en particulier à Madagascar et sur l’île Maurice où respectivement 59 % et 57 % des espèces sont en danger.
À Madagascar, l’importance culturelle du baobab de Grandidier, qui peut vivre autour de 2 000 ans, ne l’a pas protégé des incendies ou de la surexploitation pour son écorce et ses fruits.
Piliers de la biodiversité
Selon le rapport, des écosystèmes forestiers entiers peuvent s’effondrer quand ils sont soumis à plusieurs menaces et que le morcellement des habitats peut “entraîner un changement écologique abrupt”.
“Le changement climatique a le potentiel pour devenir la principale cause d’effondrement dans la plupart, si ce n’est pas tous les écosystèmes forestiers”, indique Adrian Newton, de l’université de Bournemouth.
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Les scientifiques préviennent que la disparition d’espèces d’arbres entraînerait également la disparition d’espèces animales. Comme le rappelle le dernier rapport de la FAO, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies, sur la situation des forêts dans le monde publié en 2020, “les écosystèmes forestiers abritent la majeure partie de la biodiversité terrestre de la planète, et les forêts primaires en particulier sont des lieux où se concentrent des espèces qui n’existent que dans ces écosystèmes”.
“Des espèces d’arbres qui ont évolué sur des millions d’années, s’adaptant aux changements climatiques, ne peuvent pas survivre à l’avalanche de menaces humaines”, avertit Jean-Christophe Vié.
Pour éviter la disparition de certaines espèces, les scientifiques appellent les États à se saisir de leur travail pour préserver les zones forestières existantes, étendre les zones protégées, augmenter les financements pour la conservation des forêts ou pour créer des banques de graines d’espèces menacées destinées à être réintroduites dans la nature.
Avec AFP