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Iran : les négociations sur le nucléaire au point mort depuis l’élection d’Ebrahim Raïssi


Les pourparlers diplomatiques pour sauver l’accord de 2015 sont restés en suspens depuis l’élection du nouveau président iranien en juin. Les diplomates occidentaux commencent à s’inquiéter, d’autant que l’Iran a accéléré son processus d’enrichissement d’uranium.

Toujours aucune reprise des négociations sur le nucléaire iranien, deux mois et demi après l’élection à la présidence de l’Iran de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi. Inquiète, la France, l’un des principaux acteurs de ces pourparlers, a commencé mercredi 1er septembre à envoyer des signaux à Téhéran.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a échangé par téléphone avec son nouvel homologue iranien, Hossein Amir-Abdollahian. Il l’a invité à reprendre sans délai le cycle de discussions “afin de permettre un retour à la pleine mise en œuvre de l’accord nucléaire de Vienne de 2015”.

Jean-Yves Le Drian a également fait part de l’inquiétude de la France “vis-à-vis de l’ensemble des activités nucléaires conduites par l’Iran en violation de cet accord”, a-t-il déclaré à l’issue de cet entretien téléphonique.

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De son côté, Téhéran réclame un peu de temps. Le nouveau chef de la diplomatie iranienne a laissé entendre que ces discussions, ajournées le 20 juin, deux jours après la victoire d’Ebrahim Raïssi, risquaient de ne pas reprendre avant deux ou trois mois, le temps “nécessaire pour que le nouveau gouvernement se mette en place et prenne la moindre décision”.

Enrichissement de l’uranium à 60 %

Six cycles de négociations entre l’Iran et les puissances internationales ont eu lieu à Vienne entre avril et juin, pour tenter de sauver l’accord. Ces pourparlers visaient à réintégrer les États-Unis dans ce texte, dénoncé en mai 2018 par l’ex-président américain Donald Trump, et à ramener l’Iran au respect intégral de ses engagements internationaux concernant son programme nucléaire.

Le temps presse car Téhéran a mis en place un nouveau processus pour accélérer son rythme de production d’uranium hautement enrichi, soulignait l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) le 17 août.

L’Iran a commencé dès la mi-avril à enrichir l’uranium à 60 %, contre 20 % auparavant. Un seuil qui va bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l’accord de Vienne. Plus les mois passent, plus la République islamique franchit les paliers vers la capacité de fabrication d’une bombe, pour laquelle l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90 %, même si de nombreuses autres étapes sont nécessaires.

Dans ce contexte, la signature d’un accord visant à limiter le programme nucléaire iranien en échange d’un allégement des sanctions internationales devient urgente. D’autant que les diplomates se sont séparés le 20 juin sans avancée concrète.

Un anti-occidental à la tête de la diplomatie iranienne

Certains experts pensaient que les équipes iraniennes et occidentales reprendraient les discussions durant l’été afin de signer un accord avant l’accession au pouvoir du très anti-occidental Ebrahim Raïssi à Téhéran, mais leurs espoirs ont été douchés.

Désormais, un nouveau ministre des Affaires étrangères a pris ses fonctions et il ne ressemble en aucun point à son prédécesseur. Mohammad Javad Zarif était un fin diplomate au visage chaleureux, ayant suivi un cursus universitaire aux États-Unis, et un adepte des tweets en anglais. Surtout, il était considéré comme favorable au rapprochement avec les Occidentaux.

Après son renvoi par Mohammad Javad Zarif, Hossein Amir-Abdollahian a été conseiller aux affaires internationales pour le Parlement iranien.
Après son renvoi par Mohammad Javad Zarif, Hossein Amir-Abdollahian a été conseiller aux affaires internationales pour le Parlement iranien. © AFP (archives)

L’anti-occidental Hossein Amir-Abdollahian est un pur produit de la République islamique et il est connu pour être très proche de la Force al-Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution et anciennement dirigée par le général Qassem Soleimani. Au poste de vice-ministre des Affaires étrangères chargé des affaires arabes et africaines sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), il était souvent décrit comme le représentant de cette armée idéologique au sein du ministère.

Lorsque le modéré Hassan Rohani accède à la présidence en 2013, Hossein Amir-Abdollahian reste en poste, avant d’être limogé par Mohammad Javad Zarif en 2016. Les deux hommes ne s’apprécient guère. Avec la nomination de ce dur à la tête de la diplomatie iranienne, le ton des futures négociations à Vienne s’annonce très différent.

Avec AFP

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