Jean Castex reçoit, à partir de mercredi, les partenaires sociaux en entretiens bilatéraux pour brasser les sujets d’actualité. Le Premier ministre affiche une “posture d’écoute” qui laisse dans le flou les intentions de l’exécutif, notamment en matière de retraites.
Jean Castex ouvre le bal des tête-à-tête avec les partenaires sociaux, mercredi 1er septembre dans l’après-midi, avec le patron de la CFDT, Laurent Berger, puis celui de Force ouvrière, Yves Veyrier. Le Premier ministre va poursuivre jeudi avec, entre autres, Philippe Martinez (CGT) et Geoffrey Roux de Bézieux (Medef) et clore vendredi matin par Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.
Pour l’heure, et même si Matignon souhaite laisser toutes les portes ouvertes, aucune expression du gouvernement n’est prévue à l’issue de ce nouveau round.
Ce large tour de table à l’heure de la rentrée doit permettre de “balayer l’actualité”, explique-t-on à Matignon, en martelant le credo du Premier ministre, qui sera accompagné des ministres de l’Économie, Bruno Le Maire, du Travail, Élisabeth Borne, et du secrétaire d’État aux Retraites, Laurent Pietraszewski : “Être dans une posture d’écoute et de retour de terrain”.
Il s’agit donc de prendre une nouvelle fois la température sur une batterie de dossiers mis sur la table par Emmanuel Macron en juillet, après avoir lui-même consulté les partenaires sociaux.
Deux dossiers chauds avec les retraites et la réforme de l’assurance-chômage
Parmi les sujets les plus explosifs, la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage, contre lesquelles manifesteront étudiants et salariés le 5 octobre, à l’appel d’une intersyndicale réunissant la CGT, FO, la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse.
Sur la première, dans les limbes depuis la crise sanitaire, le gouvernement attend que les partenaires sociaux “rappellent leur position de fond”, pourtant déjà bien connues, et Matignon évoque de manière sibylline un “échange sur la méthode”.
“D’ici à 2022, ce serait de la folie de relancer un projet sur ce dossier, compte tenu du climat difficile dans lequel le pays se trouve”, a fait valoir Laurent Berger, mardi, dans Le Monde. Emmanuel Macron avait, lui, déclaré mi-juillet que cette réforme ne serait engagée que si l’épidémie était “sous contrôle” et la reprise économique “bien assurée”.
Autre point de crispation avec les syndicats, la réforme de l’assurance-chômage, dont le chef de l’État veut qu’elle soit “pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre”. Le Conseil d’État avait retoqué son application au 1er juillet en mettant en avant les “incertitudes sur la situation économique”, barrière que le gouvernement estime levée : “Tous les indicateurs économiques encouragent à le faire”, assure Matignon.
Un “plan plus global” sur la formation
Parmi les promesses de juillet, le “revenu d’engagement” pour les jeunes trouvera place dans les discussions, sans pour autant que les contours du dispositif ne paraissent réellement tranchés. “Le sujet majeur est de toucher tous les jeunes qui ne sont ni en formation ni en emploi, (…) d’être en capacité de faire un diagnostic avec ces jeunes, de leur offrir un parcours d’accompagnement, de faire en sorte que ce soit du “sans couture””, explique Matignon.
Le Premier ministre veut également s’attaquer aux “tensions sur le recrutement”, notamment dans les services (restauration, hôtellerie) ou le bâtiment, en réfléchissant à un “plan plus global” sur la formation, notamment des chômeurs de longue durée.
Une contribution des partenaires sociaux sur le futur plan d’investissements de 30 milliards, dont la présentation devrait intervenir en octobre, est attendue. “Le plan n’est pas du tout complètement ficelé, il est en cours d’élaboration (…) et les choses sont assez ouvertes”, assure le cabinet de Bruno Le Maire, interrogé sur les marges de manœuvre restantes.
Enfin dans cet ordre du jour touffu, Jean Castex sollicitera des “retours” sur les conséquences de la crise sanitaire, de l’application du passe sanitaire à l’obligation de vaccination dans certains métiers, en passant par les évolutions du télétravail ou encore l’adaptation des mesures de soutien.
Avec AFP