L’Iranienne Zahra Nemati est déjà une légende. Elle fait partie des rares athlètes à avoir participé aux Jeux olympiques et paralympiques. À Tokyo, celle qui se veut un exemple pour les sportives du monde entier vise un troisième titre paralympique.
Depuis une dizaine d’années, l’archère iranienne Zahra Nemati domine sa discipline. Elle a raflé tous les titres possibles. Double médaillée d’or aux Jeux paralympiques, elle va tenter, vendredi 27 août à Tokyo, de remporter un troisième titre consécutif.
Ce n’est pourtant pas dans ce sport qu’elle a d’abord excellé. Plus jeune, elle pratique le taekwondo. Ceinture noire, elle est malheureusement contrainte d’arrêter de le pratiquer après un grave accident de voiture en 2004. La jeune femme se retrouve paralysée.
Qualifiée pour les Jeux olympiques et paralympiques
Devenue paraplégique, Zahra Nemati ne renonce pas au sport. Elle s’essaye au tir à l’arc et se révèle particulièrement douée. En l’espace de six mois, elle participe au championnat national iranien et termine troisième aux côtés des valides. Elle est invitée à rejoindre l’équipe du pays.
Les titres s’enchaînent. En 2011, elle remporte une première médaille d’argent en individuel aux Mondiaux paralympiques. L’année suivante, elle décroche l’or aux Jeux paralympiques de Londres. Ses résultats sont tellement impressionnants qu’elle réussit quatre ans plus tard à se qualifier à la fois aux Jeux olympiques et paralympiques de Rio. Une première depuis l’Italienne Paola Fantato à Atlanta en 1996. La championne iranienne se classe finalement 33e aux Jeux olympiques et décroche sa deuxième médaille d’or aux Jeux paralympiques.
Pour elle, cette double participation représente un succès sportif, mais aussi un moyen de lutter contre les stéréotypes qui accompagnent les personnes en situation de handicap. “Je pensais que ça pouvait être un tournant dans la mentalité des gens, en particulier dans la façon dont ils considèrent les personnes handicapées, donc ce fut une expérience particulière pour moi”, a-t-elle expliqué sur le site officiel des Jeux olympiques.
“Les femmes et les filles peuvent atteindre le meilleur d’elles-mêmes”
Zahra Nemati n’est pas seulement une grande championne, elle se veut aussi un exemple. Elle se bat pour défendre le droit des personnes handicapées partout dans le monde. En début d’année, le Comité international paralympique (CIP) lui a remis le prix de leader de la prochaine génération à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes pour son travail de sensibilisation à l’inclusion des femmes et des personnes en situation de handicap.
Plus largement, elle est fière de représenter également les sportives de son pays. En 2016, à Rio, elle avait été choisie comme porte-drapeau de l’Iran lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Une image très symbolique pour un pays régi par la loi islamique et qui interdit la pratique de certains sports pour les femmes. “Cet instant fut très spécial pour moi, pour prouver que mon pays réserve une place spéciale aux femmes”, explique-t-elle. “Cela signifie que les femmes et les filles peuvent atteindre le meilleur d’elles-mêmes malgré les nombreuses difficultés à surmonter.”
L’archère est bien placée pour le savoir. Sa carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. En 2017, son mari, avec qui elle était en froid, avait voulu lui interdire de voyager et avait déposé une plainte. “Après les Jeux de Rio, Zahra (Nemati) a quitté la maison et a refusé de revenir malgré plusieurs appels”, avait-il justifié à l’époque, comme le raconte le site du Centre pour les droits humains en Iran : “Elle a même demandé le divorce, donc je lui ai interdit de voyager, elle ne sera plus capable de concourir dans un tournoi à l’étranger.” Selon la loi iranienne, les époux peuvent en effet empêcher leur femme de se rendre à l’étranger.
Heureusement, malgré cette demande de son mari, les autorités iraniennes sont allées dans le sens de la championne et elle a pu continuer à se rendre dans des compétitions internationales. Zahra Nemati est bien présente à Tokyo où elle a une nouvelle fois été choisie comme porte-drapeau.
Compétitrice dans l’âme, l’archère avoue bien entendu viser de nouveau l’or, mais après des mois de pandémie et de mise à l’arrêt forcée, elle savoure surtout de pouvoir participer à cet événement: “Je souhaite à tous les athlètes du monde entier de décrocher des trophées et des médailles dans toutes les épreuves. Que ce soit aux Jeux olympiques ou paralympiques, ça ne fait aucune différence. Ce sera l’événement le plus mémorable pour tous les athlètes présents à Tokyo.”