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Le retour de l'ex-président afghan Hamid Karzaï sur le devant de la scène

Évincé du pouvoir en 2014, l’ancien président afghan Hamid Karzaï est sorti de l’ombre depuis la prise de Kaboul par les Taliban et la fuite de son successeur Ashraf Ghani. En pleine crise afghane, l’ex-chef d’État s’est montré en faveur du dialogue avec les insurgés, renouant ainsi avec son passé de négociateur lorsqu’il était à la tête de l’Afghanistan. 

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Quand les Taliban sont entrés dans Kaboul, le président afghan, Ashraf Ghani, s’est enfui en catimini. Mais son prédécesseur, Hamid Karzaï, aujourd’hui âgé de 63 ans, est alors sorti de l’ombre, fort de son expérience en matière d’accords tribaux traditionnels.

Après les attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, Hamid Karzaï avait incarné le nouveau visage de l’Afghanistan. Issu d’une vieille famille pachtoune, ses liens avec les tribus afghanes laissaient présager une transformation d’une nation paralysée.

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En décembre 2001, après l’éviction des Taliban, il avait été nommé président d’une administration transitoire, au cours de pourparlers parrainés par les Nations unies à Bonn, en Allemagne. Une assemblée afghane traditionnelle avait ensuite confirmé le président Karzaï dans sa fonction, soufflant l’espoir d’une nouvelle ère en Afghanistan.

Mais les critiques n’ont pas tardé à éclipser les éloges de ses débuts qui lui avaient même valu une nomination pour le prix Nobel de la paix en 2002. 

Malgré des allégations de fraude, Hamid Karzaï, a remporté, en 2009, la deuxième élection présidentielle afghane, son adversaire Abdullah Abdullah ayant renoncé à un second tour. 

Un président opposé à l’intervention américaine en Afghanistan 

Après l’élection de Barack Obama en 2008 et le départ de George Bush, les États-Unis ont déclenché une opération massive et déployé plus de 100 000 soldats en Afghanistan pour repousser les Taliban.

Pendant des années, Hamid Karzaï a prévenu que la contre-insurrection musclée américaine dans les bastions méridionaux des Taliban ne faisait que galvaniser le mouvement. Il a en vain supplié Washington de concentrer ses efforts sur le Pakistan, pour convaincre Islamabad de cesser d’apporter son soutien aux dirigeants talibans exilés sur son sol.

>> En images : retour sur vingt ans de guerre en Afghanistan

Alors même que les insurgés menaient des attentats dans la capitale, Hamid Karzaï a insisté sur la nécessité de les faire rentrer dans le rang, s’attirant de vives critiques en les qualifiant de “frères”.

Le chef d’État a fini par perdre le soutien de l’Occident. Les responsables et les médias américains l’ont régulièrement cloué au pilori, l’accusant de corruption. En parallèle, les États-Unis déversaient des milliards de dollars dans une économie afghane ruinée, rendant les malversations quasi-inévitables. 

Il est finalement tombé en disgrâce à Washington, au profit de son ancien ministre des Finances, Ashraf Ghani, qui a tenu les rênes du pays à partir de 2014 jusqu’à sa fuite aux Émirats arabes unis la semaine dernière. 

Et lorsque les Taliban ont repris le contrôle du pays la semaine dernière, Hamid Karzaï a aussitôt endossé un rôle familier, courant de réunions en réunions, en quête d’alliés, pour tenter d’aboutir, dans un cadre très serré, à une sorte d’accord avec ses vieux ennemis.

Hamid Karzaï appelle les Taliban à “épargner les vies et les biens de la population”

Le 15 août, il est apparu, flanqué de ses filles, dans une vidéo qui a amplement circulé sur les réseaux sociaux pour affirmer sa mobilisation et celle de sa famille pour le pays. 

“J’espère que les problèmes du pays seront résolus par des pourparlers et des négociations”, a-t-il déclaré, renouant avec le ton pragmatique qui a caractérisé ses années au pouvoir.  “Je demande également à toutes les forces de sécurité et aux Taliban, où qu’ils se trouvent, d’épargner les vies et les biens de la population, de se concentrer sur la sécurité des personnes”, a-t-il ajouté.

Trois jours plus tard, Hamid Karzaï s’est assis avec une délégation de Taliban, dont un de leurs négociateurs, Anas Haqqani. Ce dernier est le frère cadet de Sirajuddin Haqqani, chef du réseau éponyme, qualifié de terroriste par Washington et qui avait mené des attentats suicides et de brutales attaques à Kaboul sous sa présidence.

“Si nous voulons voir une solution politique, Hamid Karzai va devoir y jouer un rôle clé”, estime Ibraheem Thurial Bahiss, consultant auprès de l’International Crisis Group. 

“C’est une figure unificatrice à bien des égards”, a-t-il poursuivi, rappelant qu’Hamid Karzaï avait la réputation d’avoir su rassembler des “factions diverses” du temps de sa présidence.

Avec AFP

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