Lors d’une visite à Moscou vendredi, Angela Merkel a affirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec la Russie malgré ses “profonds différends” avec Vladimir Poutine. Il s’agit de la dernière rencontre entre les deux dirigeants avant le départ du pouvoir de la chancellière allemande, prévu à l’automne.
Angela Merkel a plaidé, vendredi 20 août, à Moscou, pour la poursuite du dialogue avec la Russie malgré leurs “profonds différends”, à l’occasion de sa dernière rencontre avec Vladimir Poutine avant que la chancelière ne quitte le pouvoir.
Après avoir déposé des fleurs sur la tombe du soldat inconnu à Moscou, la chancelière a été accueillie au Kremlin par Vladimir Poutine, un bouquet à la main.
“Même si nous avons de profonds différends, nous nous parlons et cela doit continuer ainsi”, a relevé la chancelière allemande, qui partira à l’automne après 16 ans de pouvoir et de relation complexe avec le maître du Kremlin.
Soulignant qu’ils avaient “beaucoup à discuter”, Angela Merkel a cité la situation en Afghanistan, les liens bilatéraux, mais sans évoquer le cas d’Alexeï Navalny lors de cet échange préliminaire. Une conférence de presse des deux dirigeants est attendue dans l’après-midi, après 13 h GMT.
“Beaucoup de questions doivent être discutées”, selon Vladimir Poutine
Vladimir Poutine a lui relevé que ce rendez-vous n’était pas “juste une visite d’adieu”, mais une rencontre “sérieuse” entre ces vétérans de la vie politique européenne car “beaucoup de questions doivent être discutées”.
Angela Merkel, la russophone qui a grandi en RDA, et le président russe, Vladimir Poutine, germanophone car il servit le KGB en Allemagne de l’Est, se sont toujours targués d’avoir établi une vraie relation de travail.
Hormis l’Afghanistan et le cas d’Alexeï Navalny, bête noire du Kremlin qui a vu son organisation démantelée par les autorités, les deux dirigeants devraient aussi évoquer les contentieux que sont l’espionnage, la répression au Bélarus et la guerre en Ukraine.
Au “jour anniversaire” de l’empoisonnement d’Alexeï Navalny, cette visite de la chancelière allemande apparaît comme symbolique. Car après deux jours dans le coma dans un hôpital sibérien, c’est à Berlin que le militant anticorruption avait été transféré le 22 août 2020.
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C’est là que son empoisonnement par un produit militaire soviétique, le Novitchok, a été diagnostiqué et soigné. Sauvé, il accusera le Kremlin et ses services de sécurité (FSB). Depuis, l’Occident, Berlin en tête, réclame des explications à Moscou, qui dément tout.
Christo Grozev, un auteur de Bellingcat, média d’investigation qui dit avoir identifié le commando du FSB chargé de l’empoisonnement, a ainsi estimé sur Twitter que la date de la visite d’Angela Merkel pourrait être soit un signe “d’apaisement” à l’égard de Moscou soit “une tentative sincère de mettre la pression sur Poutine”.
L’affaire Navalny, point noir dans les relations entre l’Allemagne et la Russie
Le porte-parole de la chancelière, Steffen Seibert, avait souligné, mercredi, que l’affaire Navalny “pèse lourdement sur la relation avec la Russie” car il “est injustement emprisonné”. Le président français, Emmanuel Macron, est allé dans ce sens, demandant au téléphone, jeudi, à Vladimir Poutine la libération d’Alexeï Navalny.
En guise d’accueil pour Angela Merkel, la diplomatie russe s’est fendu d’un long communiqué, accusant Berlin et ses alliés de se servir de l’affaire Navalny pour “attaquer” Moscou et s’ingérer dans les législatives prévues en septembre.
L’opposant a lui remercié depuis sa prison, dans un message sur les réseaux sociaux, tous ceux qui lui ont sauvé la vie et affirmé qu’il poursuivrait son combat.
“J’ai une deuxième chance de vivre, et de prendre toutes les décisions que j’estime justes et honnêtes”, a-t-il écrit, vendredi. Autre sujet brûlant pour cette dernière rencontre Merkel-Poutine : l’Ukraine. Angela Merkel tente avec la France de négocier avec Moscou une solution au conflit séparatiste prorusse qui déchire l’Est du pays depuis 2014, déclenché dans la foulée de l’annexion russe de la Crimée. Mais le processus est dans l’impasse.
La chancelière est d’ailleurs attendue, dimanche, à Kiev. Mais derrière les sujets qui fâchent, Angela Merkel a aussi des points de convergence avec la Russie de Vladimir Poutine. Les deux vétérans ont ainsi finalement imposé aux États-Unis, à des Européens méfiants et à l’Ukraine un gazoduc sous-marin, Nord-Stream 2 qui va accroître l’alimentation en gaz russe de l’Allemagne et de l’Europe pour les décennies à venir.
Avec AFP