Ashraf Ghani, qui a fui la présidence afghane lors de la prise de Kaboul par les Taliban, a réservé un bon accueil à la rencontre, mercredi, entre des responsables taliban et l’ex-président Hamid Karzaï.
Des responsables taliban ont rencontré l’ancien président afghan Hamid Karzaï mercredi 18 août à Kaboul, au lendemain de leur engagement à œuvrer à la réconciliation nationale en Afghanistan, un geste que le dernier chef de l’État Ashraf Ghani, réfugié à l’étranger, a approuvé.
Les Taliban, qui cherchent à former un gouvernement, ont annoncé qu’ils avaient “gracié tous les anciens responsables gouvernementaux”, a indiqué le groupe de surveillance des sites islamistes SITE. Ils ont diffusé des images d’Hamid Karzai avec Anas Haqqani, un des négociateurs de leur mouvement. Les Taliban ont également rencontré, toujours selon SITE, l’ancien vice-président Abdullah Abdullah.
Ces négociations ont été bien accueillies par l’ex-président Ashraf Ghani, qui a précipitamment quitté dimanche son pays pour les Émirats arabes unis, d’où il s’est adressé mercredi à ses compatriotes. “Je souhaite le succès de ce processus”, a-t-il déclaré dans un message vidéo posté sur Facebook, précisant qu’il n’avait “aucune intention” de rester en exil. “Je suis actuellement en pourparlers pour retourner en Afghanistan”, a révélé celui qui a succédé à Hamid Karzai en 2014.
Les États-Unis, pour lesquels “rien” ne laissait présager que l’armée et le gouvernement afghans s’effondreraient aussi vite, ont pour leur part répété mercredi qu’ils considéraient qu’Ashraf Ghani n’était “plus une personne qui compte en Afghanistan”.
Évacuations difficiles
Dans le même temps, la vie a commencé à reprendre à Kaboul, même si la peur est là. La capitale afghane a été très calme mercredi, la plupart des administrations et des commerces ayant fermé en raison de l’Achoura, une importante fête religieuse chiite.
Nombre d’Afghans ont toutefois continué de se rassembler devant les ambassades, au gré des rumeurs sur la possibilité d’obtenir un visa ou l’asile. Sur le terrain, les évacuations se poursuivaient dans des conditions difficiles.
Le Pentagone, qui souhaite évacuer autant de personnes que “possible”, soulignait certes que les islamistes “facilitaient le passage” vers l’aéroport de Kaboul des citoyens américains. Mais “nous avons vu des informations rapportant que les Taliban (…) empêchent les Afghans qui souhaitent quitter le pays d’atteindre l’aéroport”, déplorait le département d’État.
L’Union européenne doit accueillir les Afghans faisant l’objet d’une “menace immédiate”, a pour sa part déclaré la commissaire européenne Ylva Johansson et l’Autriche demande d’ores et déjà que l’UE prévoie des “centres de rétention” dans des pays voisins de l’Afghanistan pour ceux qui seront expulsés d’Europe.
Préoccupations internationales
Dans un communiqué commun, les États-Unis et l’UE, de même que 18 autres pays dont le Brésil et le Canada, se sont dits mercredi “profondément inquiets” pour les droits des “femmes et des filles en Afghanistan”.
“Nous sommes particulièrement préoccupés par l’impact du conflit sur les femmes et les filles. L’éducation est un droit humain fondamental et est indispensable à l’exercice des autres droits humains et au développement de l’Afghanistan”, a-t-on parallèlement réagi à l’Unesco.
Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan destinée “à maintenir une étroite coordination et à discuter d’une approche commune sur l’Afghanistan” aura lieu vendredi.
Et si l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde contre une interruption de l’aide humanitaire, le FMI a suspendu les fonds destinés à l’Afghanistan en raison du climat d’incertitude.
Pour le procureur de la Cour pénale internationale, des crimes et des exécutions en guise de représailles ont été commis et pourraient relever de violations du droit international humanitaire.
Avec AFP