Trois jours après la prise de Kaboul par les Taliban, les évacuations se poursuivent en Afghanistan. À l’aéroport de Kaboul, pris d’assaut par les candidats à l’exil, un pont aérien mobilise depuis dimanche les allers et venues d’avions du monde entier. Parmi eux, ceux de l’armée américaine, qui prévoit d’évacuer plus de 30 000 personnes entre Kaboul et leurs bases au Qatar et au Koweït.
L’évacuation de diplomates, d’autres étrangers et d’Afghans ayant travaillé avec eux se poursuit, mercredi 18 août, dans des conditions difficiles à Kaboul, tombée aux mains des Taliban.
Un gigantesque pont aérien mobilise depuis dimanche une noria d’avions du monde entier, dans un aéroport pris d’assaut par les candidats à l’exil et dont les abords sont étroitement contrôlés par les Taliban.
Les membres de l’Otan, qui se sont réunis mardi, “ont annoncé l’envoi d’avions supplémentaires” pour assurer les évacuations, a indiqué le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, tout en précisant que “les opérations à l’aéroport (de Kaboul) reprennent graduellement” après les scènes de chaos de lundi.
Outre les avions, certains pays ont envoyé des renforts militaires. De quelque 3 000 lundi soir, le nombre de soldats américains à l’aéroport de Kaboul doit atteindre 6 000 “dans les prochains jours”.
Ils ont été rejoints notamment par des forces spéciales françaises, qui ont pour mission de participer aux opérations d’évacuation de plusieurs dizaines de Français ainsi que de certains Afghans.
Un nouveau vol français a quitté Kaboul dans la nuit
Les 45 premiers exfiltrés de Kaboul par la France sont arrivés mardi après-midi à Paris sur le tarmac de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, dans un A310 de l’armée française aux couleurs bleu blanc rouge, après avoir fait escale à Abou Dhabi. Cet avion transportait également une soixantaine de militaires français de retour d’opérations extérieures, avait précisé de son côté une source au ministère des armées.
Tous les passagers devaient passer des tests de dépistage du Covid-19 et subir des vérifications sanitaires à leur arrivée.
Un nouveau vol français transportant des personnes évacuées d’Afghanistan a quitté Kaboul dans la nuit de mardi à mercredi en direction d’Abou Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis, a-t-on appris auprès de témoins à l’aéroport.
D’autres rotations sont prévues dans les heures et jours à venir pour évacuer tous les ressortissants français.
Les autorités refusent d’indiquer à ce stade combien de personnes au total la France va exfiltrer dans le cadre de cette opération baptisée Apagan. Elle mobilise deux avions de l’Armée de l’air sur le tronçon Émirats-Kaboul et deux autres pour les vols entre les Émirats et la France.
640 Afghans dans un avion militaire américain
L’armée américaine a évacué plus de 3 200 personnes d’Afghanistan, notamment du personnel américain, à l’aide d’avions militaires, selon la Maison Blanche. En plus de ces 3 200 personnes, près de 2 000 réfugiés afghans ont été évacués vers les États-Unis.
Les États-Unis prévoient d’évacuer plus de 30 000 personnes par un pont aérien entre Kaboul et leurs bases au Koweït et au Qatar.
Une photo devenue virale montre environ 640 Afghans – hommes, femmes et enfants – entassés à l’intérieur d’un avion de transport Boeing C-17 de l’US Air Force. Un nombre aussi élevé de passagers n’était pas prévu en un seul vol, a précisé un haut fonctionnaire de la défense américaine à Defense One, beaucoup de désespérés ayant grimpé au dernier moment à l’intérieur par la rampe encore à moitié ouverte à l’arrière de l’avion.
“L’équipage a pris la décision d’y aller” plutôt que de les forcer à redescendre, a expliqué le fonctionnaire.
Les États-Unis ont “la responsabilité et les moyens” d’évacuer les Afghans qui les ont aidés en Afghanistan, a estimé mardi l’ancien président George W. Bush, qui a déclenché il y a 20 ans l’offensive américaine en Afghanistan.
Berlin accuse les Taliban d’entraver les départs
Un avion militaire allemand, qui a pu atterrir dans la nuit de lundi à mardi à Kaboul, n’a réussi à emporter avec lui que sept personnes, alors que des centaines d’autres attendent de pouvoir gagner l’Allemagne.
Berlin accuse les Taliban d’entraver l’accès à l’aéroport de Kaboul aux candidats afghans au départ, alors que quelque 10 000 Afghans ayant collaboré avec l’armée allemande ou des ONG, ou des membres de leur famille, doivent être évacués selon la chancelière Angela Merkel.
L’Autriche et la Roumanie ont également indiqué que leurs ressortissants et les Afghans qu’ils comptent évacuer rencontraient des difficultés pour se rendre à l’aéroport.
De son côté, Madrid a envoyé dans la nuit de lundi à mardi un premier avion militaire (A400) à Dubaï, parti de Saragosse (nord-est), pour “rapatrier le personnel de l’ambassade de Kaboul, des ressortissants espagnols dans le pays ainsi que les Afghans qui ont collaboré avec l’Espagne”, selon le ministère de la Défense.
Un deuxième avion a décollé dans l’après-midi, de la même base aérienne.
Un avion militaire tchèque en provenance de Kaboul a atterri mardi soir à Prague avec à son bord 87 personnes évacuées, dont l’ambassadeur Jiri Baloun, des soldats tchèques, des Afghans ayant travaillé pour eux ainsi que deux ressortissants polonais. Un premier vol avait rapatrié 46 personnes en République tchèque, lundi.
Des Afghans vont transiter par Skopje
La Macédoine du Nord va suivre l’exemple de l’Albanie et du Kosovo voisins en accueillant 180 civils afghans (employés d’ONG, journalistes, leurs familles), ainsi que six femmes et enfants, employées ou membres de familles d’employés de la mission de l’ONU en Afghanistan.
Ces réfugiés resteront en Macédoine du Nord jusqu’à l’obtention de visas leur permettant de rejoindre les États-Unis. Les frais de leur séjour seront couverts par les États-Unis et des organisations internationales.
L’Ouganda est également prêt à accueillir temporairement des réfugiés afghans, répondant favorablement à une demande américaine.
Avec AFP