Les Taliban se sont emparé, samedi soir, de Mazar-i-Sharif, dernière grande ville du Nord de l’Afghanistan encore contrôlée par le gouvernement, “sans rencontrer vraiment de résistance”, ont raconté à l’AFP des habitants.
Une prise symbolique pour les Taliban. En s’emparant de Mazar-i-Sharif, samedi 14 août au soir, les insurgés ont pris leurs quartiers dans la quatrième plus grande ville d’Afghanistan et surtout dans la dernière grande ville du Nord du pays encore contrôlée par le gouvernement.
Les Taliban “se paradent sur leurs véhicules et leurs motos, tirant en l’air pour célébrer”, a déclaré Atiqullah Ghayor, qui vit près de la célèbre mosquée bleue de Mazar-i-Sharif, précisant que les forces afghanes s’étaient retirées de la ville.
Abas Ebrahimzada, un législateur de la province de Balkh où se trouve la ville, a déclaré que l’armée nationale s’était rendue la première, ce qui a incité les milices pro-gouvernementales et d’autres forces à perdre le moral et à abandonner face à l’assaut des Taliban lancé plus tôt, samedi.
Abas Ebrahimzada a déclaré qu’Abdul Rashid Dostum et Ata Mohammad Noor, anciens chefs de guerre qui commandent des milliers de combattants, avaient fui la province et qu’on ignorait où ils se trouvaient.
Les Taliban ont réalisé des avancées majeures ces derniers jours, notamment en s’emparant de Hérat et de Kandahar, les deuxième et troisième plus grandes villes du pays. Ils contrôlent désormais environ 21 des 34 provinces afghanes, laissant au gouvernement soutenu par l’Occident un petit nombre de provinces dans le centre et l’est, ainsi que la capitale, Kaboul.
Des Taliban qui se rapprochent de Kaboul
Samedi, les Taliban ont capturé la totalité de la province de Logar, juste au sud de Kaboul, et ont détenu des fonctionnaires locaux, a déclaré Hoda Ahmadi, un législateur de la province. Elle a indiqué que les Taliban avaient atteint le district de Char Asyab, à seulement 11 kilomètres au sud de la capitale.
Le président afghan, Ashraf Ghani, s’est rendu mercredi à Mazar-i-Sharif pour rallier les défenses de la ville et rencontrer plusieurs commandants de milice, dont Dostum et Noor.
Samedi, il a promis de ne pas abandonner les “réalisations” des vingt dernières années écoulées, depuis que les États-Unis ont renversé les Taliban après les attentats du 11 septembre 2001.
Les États-Unis ont poursuivi les pourparlers de paix entre le gouvernement et les Taliban au Qatar cette semaine, et la communauté internationale a prévenu qu’un gouvernement taliban instauré par la force serait boudé. Mais les insurgés semblent avoir peu d’intérêt à faire des concessions alors qu’ils accumulent les victoires sur le champ de bataille.
Mazar-i-Sharif, bastion de la résistance au Taliban
Mazar-i-Sharif, qui abrite un célèbre sanctuaire musulman aux tuiles bleues, était un bastion de l’Alliance du Nord, des milices ethniques qui ont aidé les États-Unis à renverser les Taliban en 2001.
En 1997, près de 2 000 combattants talibans ont été capturés et tués par les forces loyales à Mohammed Mohaqiq, un leader chiite hazara, et ses alliés ouzbeks. L’année suivante, les Taliban sont revenus et ont tué des milliers de Hazaras à Mazar-i-Sharif dans une attaque de vengeance.
Ces dernières semaines, des milliers d’Afghans fuyant les zones périphériques ont afflué à Mazar-i-Sharif pour y trouver refuge.
Des dizaines de milliers d’Afghans ont fui leurs foyers, beaucoup craignant un retour au régime oppressif des Taliban. Le groupe avait auparavant gouverné l’Afghanistan sous une version sévère de la loi islamique, dans laquelle les femmes n’avaient pas le droit de travailler ou d’aller à l’école, et ne pouvaient pas quitter leur domicile sans être accompagnées d’un parent masculin.
Avec AFP et AP