Les Zambiens choisissaient jeudi leur président, entre le sortant Edgar Lungu et son grand rival Hakainde Hichilema, après une campagne tendue centrée sur l’économie du premier pays africain à avoir fait défaut sur sa dette depuis le début de la pandémie.
Les Zambiens se sont rendus aux urnes, jeudi 12 août, à l’occasion de l’élection présidentielle. Ils devaient choisir entre le chef d’État sortant Edgar Lungu et son grand rival Hakainde Hichilema. Dès l’aube, des centaines de personnes ont formé des files d’attente impressionnantes devant les bureaux de vote.
Dans le township de Matero, Andrew Daka, 20 ans, qui votait pour la première fois, veut du “changement” : “on ne peut plus continuer comme ça”, a-t-il dit à l’AFP. Le président Lungu s’est rendu dans un bureau modeste du sud de Lusaka. “Les Zambiens sont prêts à voter et ils sont nombreux”, a-t-il déclaré à sa sortie, acclamé par des partisans poings en l’air. “On va gagner !”.
À la mi-journée, Hichilema, surnommé “HH” ou le terme affectueux “Bally”, riche homme d’affaires autodidacte de 59 ans qui se présente pour la sixième fois et promet de redresser l’économie, a également pris un bain de foule en allant voter. “Nous sommes confiants (dans le fait que) nous allons remporter la mise”, a-t-il assuré en costume sobre et col ouvert. “Les gens veulent que ça change, ça se voit sur leurs visages”. “Ce qui compte, c’est que la décision de qui devient président, qui dirige ce pays, soit déterminée par (…) les électeurs, pas par les gens qui comptent les voix”, a-t-il ajouté le sourcil froncé. La veille, “HH” avait appelé la commission électorale à garantir un scrutin “libre et équitable”.
L’opposition, qui craint des fraudes, avait aussi accusé le gouvernement de chercher à entraver la campagne de Hakainde Hichilema, ce que le Front patriotique (PF) au pouvoir dément avec véhémence. Et alors que le gouvernement avait menacé de bloquer internet si certains “colportent des fausses informations pouvant déstabiliser” l’élection, messages Whatsapp et internet étaient ralentis ou bloqués par endroits dans l’après-midi, a-t-on constaté.
Une crise économique
La hausse du coût de la vie a érodé la base de soutien du président sortant, selon les sondages, et l’élection pourrait être plus serrée qu’en 2016, quand “HH” avait perdu d’un peu plus de 100 000 voix. Edgar Lungu, avocat de formation, est critiqué pour avoir emprunté de façon déraisonnable, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer une frénésie de projets d’infrastructure.
L’inflation a grimpé à plus de 20 % sous sa présidence et fin 2020. La Zambie a été le premier pays africain à se trouver en défaut de paiement depuis l’apparition du coronavirus. Des violences sporadiques ont éclaté à l’approche du vote entre partisans des deux principaux candidats, poussant le président Lungu à déployer l’armée. L’opposition a dénoncé cette mesure sans précédent, la qualifiant de tactique d’intimidation.
Le chef de l’État s’est montré de plus en plus autoritaire face à toute opposition depuis son arrivée au pouvoir en 2015, faisant craindre des tensions en cas de contestation des résultats, qui devraient être connus d’ici dimanche soir, dans les 72 heures après la fermeture des bureaux de vote jeudi (16 h GMT).
Le gagnant doit obtenir plus de 50 % des voix pour éviter un second tour, ce que les observateurs jugent peu probable.
Avec AFP