Le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, est arrivé mercredi au Maroc pour une première visite dans le royaume d’un haut responsable de l’Etat hébreu, sept mois après la normalisation des relations entre les deux pays.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid est arrivé, mercredi 11 août, au Maroc dans ce qui constitue sa première visite officielle dans le pays depuis que les deux États ont convenu de renouer leurs liens diplomatiques en décembre dernier.
Le chef de la diplomatie israélienne devrait rencontrer son homologue marocain, Nasser Bourita, dans la journée et ouvrir jeudi une représentation diplomatique à Rabat avant de repartir. “Nous avons atterri au Maroc. Fier de représenter Israël durant cette visite historique”, a-t-il écrit sur Twitter à l’atterrissage de l’avion de la compagnie nationale israélienne El Al.
Le royaume a été le quatrième pays arabe, après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, à avoir normalisé ses relations avec Israël en 2020 sous l’impulsion des États-Unis de Donald Trump, en contrepartie d’une reconnaissance américaine de sa “souveraineté” sur le territoire disputé du Sahara occidental.
La délégation israélienne est attendue au mausolée royal où sont enterrés les rois Hassan II et Mohammed V, avant la rencontre bilatérale entre Yaïr Lapid et Nasser Bourita.
La communauté juive du Maroc est la plus importante d’Afrique du Nord (environ 3 000 personnes) et les quelque 700 000 Israéliens d’ascendance marocaine ont souvent gardé des liens très forts avec leur pays d’origine.
Des accords de coopération
Trois accords de coopération devraient être signés mercredi durant la visite de Yaïr Lapid, a indiqué le ministère des Affaires étrangères marocain, sans donner plus de détails.
Jeudi, les officiels israéliens visiteront la synagogue Beth-El à Casablanca, après l’inauguration du bureau de liaison d’Israël à Rabat. Cette première visite officielle intervient un peu plus de deux semaines après le lancement des lignes aériennes commerciales directes entre les deux pays. Depuis, les premiers touristes israéliens ont afflué dans la capitale touristique du pays, Marrakech, et dans la mégalopole Casablanca.
Avant la pandémie, de 50 000 à 70 000 touristes israéliens, pour la plupart d’origine marocaine, visitaient chaque année le royaume mais devaient transiter par d’autres pays.
Un premier vol direct d’un avion transportant des officiels israéliens avait été opéré en décembre 2020 entre Tel-Aviv et Rabat et des accords bilatéraux avaient été signés dans la foulée, incluant notamment une coopération économique.
En juillet, Le Maroc et Israël ont également signé à Rabat un accord de coopération en matière de cyberdéfense, portant sur “la coopération opérationnelle, la recherche, le développement et le partage d’informations”, avait indiqué sur Facebook la direction nationale israélienne de la cybersécurité.
Récemment, le royaume a été accusé d’avoir eu recours au logiciel d’espionnage Pegasus, conçu par la société israélienne NSO, d’après une enquête d’un consortium de médias internationaux. Rabat a catégoriquement démenti “ces allégations mensongères et infondées” et enclenché des procédures judiciaires.
Des tensions autour du conflit israélo-palestinien
Les Palestiniens avaient dénoncé les accords de normalisation entre Israël et des pays arabes, qualifiée de “trahison”, la résolution du conflit israélo-palestinien ayant été jusqu’alors considérée comme une condition sine qua non à toute normalisation.
Dans la foulée de l’annonce de normalisation avec l’État hébreu, le roi du Maroc, Mohammed VI, avait assuré au président palestinien, Mahmoud Abbas, la poursuite de “l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste”.
La cause palestinienne continue de mobiliser la société civile, quelques partis d’extrême gauche et des islamistes, qui restent opposés à toute normalisation des relations avec l’Etat hébreu. Cette visite est “considérée comme une insulte aux Marocains et une trahison envers la Palestine et son peuple”, a fustigé le Groupe d’action pour la Palestine au Maroc dans un communiqué diffusé lundi.
Les deux pays ont entretenu des relations officielles de 1993 à 2000, date du déclenchement de la seconde intifada dans les territoires palestiniens contre l’occupation israélienne.
Présente depuis l’Antiquité, la communauté juive du Maroc a été renforcée au XVe siècle par l’expulsion des juifs d’Espagne. Elle a atteint environ 250 000 âmes à la fin des années 1940, soit environ 10 % de la population. Beaucoup sont partis après la création d’Israël en 1948.
Avec AFP et Reuters