L’ancien dirigeant soudanais Omar el-Béchir va être remis à la Cour pénale internationale, a indiqué mercredi la ministre soudanaise des Affaires étrangères. Un ex-gouverneur et un ancien ministre de la Défense seront eux aussi remis au tribunal international. Tous sont soupçonnés de “génocide” et de “crimes contre l’humanité” au Darfour.
Le Soudan va remettre à la Cour pénale internationale (CPI) trois anciens dirigeants parmi lesquels l’autocrate déchu Omar el-Béchir, recherchés notamment pour “génocide” et crimes contre l’humanité lors du conflit au Darfour, a annoncé mercredi 11 août la ministre des Affaires étrangères.
“Le Conseil des ministres a décidé de remettre les personnes recherchées à la Cour pénale internationale”, a déclaré la ministre Mariam al-Mahdi, selon l’agence officielle Suna, lors d’une rencontre avec le nouveau procureur général du tribunal basé à La Haye, Karim Khan, en visite à Khartoum pour une semaine.
Le conflit au Darfour, région de l’ouest du pays, a opposé à partir de 2003 le régime à majorité arabe de Omar el-Béchir et des rebelles issus de minorités ethniques s’estimant marginalisées. Il a fait environ 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, en majorité durant les premières années de violences, d’après les Nations unies. Omar el-Béchir a été renversé en avril 2019, après des mois d’un mouvement populaire inédit.
En février 2020, le pouvoir de transition mis en place après sa chute avait pris l’engagement verbal de favoriser la comparution d’Omar el-Béchir devant la CPI, qui a émis il y a plus de dix ans des mandats d’arrêt contre lui et d’autres figures de l’ancien régime, pour “crimes contre l’humanité” et “génocide” au Darfour.
Un ex-gouverneur et l’ancien ministre de la Défense remis à la CPI
Les deux autres pontes du régime qui seront remis à la CPI sont l’ex-gouverneur de l’État du Kordofan-Sud, Ahmed Haroun, et l’ancien ministre de la Défense, Abdel Rahim Mohamed Hussein, recherchés pour les mêmes motifs. Arrêtés après la chute d’Omar el-Béchir, ils sont actuellement détenus au Soudan.
Un accord de paix historique signé en octobre 2020 entre le gouvernement de transition et plusieurs groupes rebelles insistait sur la nécessité d’une “coopération complète et illimitée” avec la CPI.
Le cabinet ministériel soudanais a voté la semaine dernière en faveur de la ratification du Statut de Rome de CPI. La ministre soudanaise a souligné mercredi “l’importance” de la coopération de son pays avec la CPI “pour obtenir justice pour les victimes de la guerre du Darfour”.
Déjà reconnu coupable de corruption en décembre 2019, l’ex-président est actuellement détenu à la prison de Kober, à Khartoum. Il est aussi jugé par la justice soudanaise pour son rôle dans le coup d’État qui l’a porté au pouvoir en 1989. Mais son procès a été à plusieurs reprises reporté depuis juillet 2020, les avocats de l’accusé avançant des arguments procéduraux.
Avec AFP