Avant les JO de Tokyo, Molly Seidel n’avait couru que deux fois la distance mythique de la course à pied. Pourtant, cette personnalité attachante repart avec la médaille de bronze.
Certaines s’entraînent toute leur vie sur 42,195 km pour obtenir pareil résultat. Pas Molly Seidel. Le marathon des Jeux olympiques qu’elle a couru samedi 7 août n’était que le troisième de sa vie. Pourtant, cette athlète, spécialiste à l’origine du demi-fond, a remporté la médaille de bronze, devancée par les intouchables Kenyanes Jepchirchir et Brigid Kosgei, dans l’étouffante chaleur de Sapporo. Un rêve éveillé pour cette personnalité attachante au parcours atypique.
Elle a beau être la première surprise de son podium, elle en rêvait depuis toute petite. En CM1, elle écrivait dans un travail de classe qu’elle “aimerait bien participer aux Jeux olympiques et gagner une médaille d’or”.
Interrogé sur cette anecdote, elle a répondu aux médias en rigolant : “Je suis un peu en retard mais j’ai quand même obtenu ma médaille. Je suis ravi de ce bronze”, célèbre-t-elle.
“Être celle qui fourre son nez là où il ne faut pas”
La performance a pris tout le monde par surprise. Et pour cause, Molly Seidel a débarqué dans le milieu du marathon lors des sélections olympiques américaines d’athlétisme en février 2020. Sans temps de référence sur la distance, elle termine deuxième en 2 heures 27 minutes 31 secondes s’offrant au passage une des trois places américaines aux JO. Le tout avec un naturel déconcertant puisqu’elle s’est permis de taper dans la main de sa sœur, avec laquelle elle vit à Boston, au 7e kilomètre alors que les autres championnes préféraient rester concentrées.
C’était le premier marathon de sa vie. Avant cela, Molly Seidel était surtout spécialisée sur les courses de demi-fond. Elle s’était qualifiée pour les sélections grâce à un excellent temps sur semi-marathon un mois plus tôt.
Sur la course des JO de Tokyo, Molly Seidel a appliqué la même recette que lors des sélections américaines. Elle est restée longtemps au sein du peloton puis a terminé la course à fond, portée par la foule en liesse dans une des rares épreuves qui n’étaient pas à huis clos.
“Je voulais juste y aller, être une personne qui court alors que toutes les autres devaient se dire ‘Mais c’est qui celle-là ?”, a-t-elle déclaré après la course. “Je voulais juste être celle qui met son nez là où il faut pas. Franchement ! Les Jeux olympiques n’ont lieu qu’une fois tous les quatre ans, il faut savoir tenter sa chance.”
Des pleurs à l’arrivée
Mise au téléphone avec ses proches, Marie Seidel a laissé libre court à ses émotions :
“J’étais un peu submergée et j’ai commencé à pleurer un peu”, a raconté Seidel. “C’est le jour dont vous rêvez tout votre vie. C’est votre raison d’être en tant qu’athlète.”
Elle a sans doute repensé à l’ensemble du chemin parcouru. Avant les sélections américaines, elle était obligée de cumuler un travail de barista avec un autre de baby-sitter pour s’en sortir. Le tout en s’entraînant avec les lourdes charges qu’imposent le haut niveau.
Dans un post récent pour le site web de la délégation américaine, Seidel a également parlé de son histoire avec les troubles de l’alimentation. Elle a dit qu’elle appréciait que la santé mentale des athlètes soit devenu un vrai sujet de discussion, notamment après les sorties de Naomi Osaka ou encore Simone Biles sur le sujet.
“J’aimerais que ce que l’on retienne, c’est que même quelqu’un qui a des problèmes de santé mentale peut être capable de concourir au plus haut niveau”, a-t-elle déclaré. “Le plus important est de savoir demander de l’aide et posséder des soutiens tout autour de vous. Avec cela, vous pouvez faire des choses incroyables.”