Cinq ans après des JO de Rio difficiles, Yohann se livrera à l’ultime 50 km marche de sa carrière, à 43 ans. Il s’agira également de l’ultime apparition de la discipline aux Jeux olympiques.
Quarante kilomètres à survoler la course puis la souffrance, le calvaire. À Rio, saisi par d’atroces douleurs intestinales alors qu’il était largement en tête du 50 km marche, Yohann Diniz s’était écroulé et relevé plusieurs fois avant de terminer, écrivant au passage sa légende. Cinq ans après son chemin de croix sous les yeux du Christ rédempteur du Corcovado, le marcheur français espère conclure vendredi 6 août son histoire olympique, celle de sa discipline ainsi que sa carrière sur une bonne note.
C’est sur l’île d’Hokkaido que se jouera le dernier acte d’une épreuve si souvent marquée par des drames et de longues épopées dont Yohann Diniz, 43 ans, a été par moments l’acteur malheureux. Comme le symbole de la fin d’une époque, c’est l’occasion qu’a choisie le Rémois pour mettre un terme à son parcours, le plus beau qu’ait connu un Français dans cette discipline si imprévisible et si exigeante.
“Je suis content et triste de participer à cette dernière course de l’histoire. Chaque athlète aura envie de la marquer de son empreinte”, affirme le champion du monde 2017 et triple champion d’Europe (2006, 2010, 2014).
Yohann Diniz n’a toujours pas digéré la décision du Comité international olympique (CIO) prise fin 2020 au nom de la parité, le 50 km marche devant être remplacé par une épreuve mixte, et n’aurait pour rien au monde manqué ce rendez-vous, lui qui a tout gagné en plus de 20 années passées sur le bitume, sauf justement le titre aux JO.
Pour son ultime apparition, Yohann Diniz, qui disputera ses quatrième Jeux, se dit “détendu”, “serein” et “sans pression”. Il sait mieux que quiconque ce que peut réserver comme scénario improbable un 50 km marche, et son caractère “aléatoire”, pour évoquer des objectifs précis.
Une préparation minutieuse
Trois après Rio, aux Mondiaux d’athlétisme de Doha, il avait également souffert de la chaleur, vaincu par la fournaise qatarie au bout de 16 km de course. À Sapporo, les conditions ne seront guère meilleures, aussi le Français a multiplié les préparations pour son ultime défi.
Yohann Diniz a multiplié les stages au Portugal, à l’Université de Coimbra, sous l’œil aguerri du professeur Cupido Amando Santos. Il a réalisé plus de 70 séances dans une chambre thermique.
“J’ai fait le job durant une année. Après les championnats du monde de Doha, je savais qu’il fallait que je travaille ces conditions et je l’ai fait avec sérieux”, explique le détenteur du record du monde (3 h 32 min 33 sec depuis 2014), rappelant avoir connu les mêmes conditions extrêmes aux Mondiaux d’Osaka en 2007 qu’il avait terminés à la deuxième place. “C’est surtout l’humidité qui est pesante, la chaleur ce n’est pas ce qu’il y a de plus compliqué.”
“Plus que la performance absolue, c’est la manière dont les organismes parviendront à résister qui fera la différence”, estime Pascal Chirat, le manageur des marcheurs français.
Reste que Yohann Diniz partira sans références récentes. En effet, depuis sont titre mondial en 2017, il n’a fini qu’un 50 kilomètres marche. C’était au printemps 2019, une victoire en solitaire lors de la Coupe d’Europe en Lituanie, dans un excellent chrono qui le qualifiait pour les JO.
“Il y a eu le Covid. J’ai voulu faire le 50 km des championnats de France en mars dernier mais ils ont été annulés. Avec Gilles et Pascal (Rocca et Chirat, ses entraîneurs), on a décidé de ne pas se prendre la tête, d’axer tout sur la préparation, sans prendre aucun risque”, balaie-t-il dans l’Équipe.
Il assure “connaître par cœur” la distance et n’a pas non plus effectué de séance-test en vue de l’échéance. “C’était bien quand j’avais 30 ans mais j’ai appris avec l’âge que ça ne servait pas à grand-chose”, dit-il. “On verra déjà ce qui se passera si j’arrive à me battre contre les conditions thermiques. Après il y aura un autre combat pour aller chercher des places d’honneur.”
Un dernier combat et une dernière marche vers la gloire.