Aux États-Unis, le Congrès n’a pas trouvé d’accord pour prolonger la suspension des expulsions mise en place en raison de la pandémie de Covid-19. Par conséquent, des millions de familles américaines sont menacées de devoir quitter leur logement.
Aux États-Unis, des millions de familles sont menacées, depuis dimanche 1er août, d’être expulsées de leurs logements au moment où le pays connaît une résurgence des cas de contamination au Covid-19.
Alors que des milliards de dollars de fonds publics destinés à aider les locataires n’ont toujours pas été utilisés, le président Joe Biden avait exhorté cette semaine le Congrès à prolonger un moratoire sur les expulsions pour loyers impayés, qui expirait samedi à minuit. Mais les républicains se sont opposés aux efforts des démocrates pour prolonger l’interdiction des expulsions jusqu’à la mi-octobre.
Bloquer cette mesure est un “acte de pure cruauté” “qui jette dans la rue des enfants et des familles”, s’est insurgée la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, sur Twitter.
Désormais, les élus de la Chambre des représentants sont en vacances jusqu’à la fin du mois d’août, et seront suivis par les sénateurs une semaine plus tard, éloignant tout espoir d’un accord rapide.
Mary Hunt, conductrice de véhicule sanitaire dans le Michigan, peine à payer le loyer de son mobile-home, après avoir été malade du Covid-19. “Si je perds ce logement, alors (mes cinq chats et mon chien) viennent vivre avec moi dans la voiture. Les gens peuvent bien penser que je suis folle, je n’abandonnerai pas ma famille”, a-t-elle confié à la radio NPR.
Quelque 3,6 millions de locataires possiblement concernés
Cori Bush, représentante démocrate de l’État du Missouri, ne peut s’y résigner. Cette élue, qui a elle-même été sans-abri, a passé la nuit au Capitole, à Washington, rejointe par d’autres élues de la gauche du camp démocrate. “Nous aurions pu prolonger le moratoire, mais certains démocrates sont plutôt partis en vacances. Nous avons dormi au Capitole la nuit dernière pour leur demander de revenir et de faire leur boulot”, a-t-elle dit samedi sur Twitter.
It’s 2 AM on Sunday. We haven’t slept since Thursday night. The eviction moratorium expired, so we’re now in an eviction emergency. 11 million are now at risk of losing their homes at any moment.
The House needs to reconvene and put an end to this crisis.
— Cori Bush (@CoriBush) August 1, 2021
Plus de 10 millions de personnes aux États-Unis sont en retard sur le paiement de leur loyer, a calculé le CBPP, un institut de recherche indépendant. Et quelque 3,6 millions de locataires estiment qu’ils risquent de se faire expulser dans les deux mois, selon une étude du bureau des statistiques réalisée début juillet auprès de 51 millions de locataires.
La suspension des expulsions avait été mise en place en septembre 2020 par les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence de santé publique des États-Unis, puis prolongée à plusieurs reprises au nom de la lutte contre la propagation du Covid-19. Mais la Cour suprême avait estimé en juin que toute prolongation supplémentaire devait être décidée par le Congrès.
Pour ajouter à l’absurdité de la situation, l’argent prévu par le gouvernement fédéral pour aider les locataires en difficulté à payer leur loyer peine à arriver sur leurs comptes en banque, en raison de procédures bureaucratiques complexes. Ainsi, sur les 46 milliards de dollars prévus par le gouvernement, dont 25 milliards déboursés début février, 3 milliards seulement sont arrivés à destination.
Avec AFP