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Laurel Hubbard, une première aux JO pour une athlète transgenre, entre respect et polémique

Laurel Hubbard, une haltérophile néo-zélandaise, va devenir lundi la première transgenre à participer aux Jeux olympiques. Ce tournant historique suscite de nombreuses réactions positives, mais aussi un vif débat. Selon certains, l’athlète bénéficie d’avantages physiques liés à son passé d’homme.

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À 43 ans, Laurel Hubbard est l’haltérophile la plus âgée à participer aux Jeux de Tokyo, mais elle est surtout la première transgenre à concourir au sein de la plus grande compétition sportive au monde.

Né homme, cette athlète Néo-Zélandaise a pris part à des tournois dans les catégories masculines avant d’entamer un processus de transition pour devenir une femme vers ses 30 ans. Elle est devenue sélectionnable chez les femmes après avoir satisfait aux critères du Comité international olympique (CIO) concernant les sportifs transgenres.

Sa qualification pour les JO a été saluée comme un moment historique pour le mouvement olympique. “Laurel Hubbard est une femme et concourt selon les règles de sa fédération. Nous devons rendre hommage à son courage et à sa ténacité”, a ainsi déclaré à la presse à Tokyo le directeur médical du CIO, Richard Budgett.

Laurel Hubbard lors des Jeux du Commonwealth en 2018.
Laurel Hubbard lors des Jeux du Commonwealth en 2018. REUTERS – REUTERS FILE PHOTO

Un sport débuté à l’adolescence

Laurel Hubbard est né en 1978 sous le nom de Gavin. Elle est la fille des magnats de l’industrie des céréales Hubbard Foods. Son père Dick a également été maire d’Auckland, ville la plus peuplée de Nouvelle-Zélande de 2004 à 2007. Comme le raconte le journal l’Équipe, elle commence la pratique de l’haltérophilie vers l’âge de 14 ans car elle représentait pour le jeune garçon qu’elle était à l’époque un “archétype masculin”. “Je pensais que si je m’adonnais à une activité aussi radicalement masculine, cela influencerait mon devenir”, a-t-elle expliqué à Radio New Zealand.

Gavin Hubbard a alors un bon niveau, mais rien ne le destine à des performances au niveau international. “Je l’ai vu soulever des poids incroyables car il avait de grandes qualités physique, mais à ma connaissance, il n’a jamais remporté de Championnat national ou battu de record au cours de ces années où il était au summum de sa jeunesse et de sa force”, a raconté à l’Équipe Hayden Kumerich, l’un de ses anciens coéquipiers. “Or aujourd’hui, après avoir transitionné et malgré son âge bien plus mûr, Hubbard commence à battre des records en tant que femme”.

“Ce n’est tout simplement pas juste”

C’est en effet là que le bât blesse. La présence de Laurel Hubbard à Tokyo dans la catégorie des femmes de plus de 87 kilos est loin de faire l’unanimité. Certains estiment qu’elle bénéficie d’un avantage inéquitable sur ses rivales féminines en raison de capacités physiques héritées de décennies en tant qu’homme.

Certains défenseurs du sport féminin, dont l’ancienne championne de tennis Martina Navratilova, ont ainsi exprimé leurs réserves, car ils estiment que l’inclusion de sportifs transgenres risque de remettre en cause les victoires obtenues de haute lutte pour améliorer le statut du sport féminin. “Je suis heureuse de m’adresser à une personne transgenre de la manière qu’elle le souhaite, mais je n’aimerais pas avoir à concourir contre elle. Ce ne serait pas juste”, a déclaré la Tchèque, militante de la première heure des droits des homosexuels. Pour Caitlyn Jenner, champion olympique de décathlon aux Jeux de Montréal en 1976 devenu une femme en 2015, “ce n’est tout simplement pas juste”.

Des haltérophiles sont aussi montés au créneau. La Néo-Zélandaise Tracey Lambrechs a été affectée par l’arrivée de Laurel Hubbard chez les femmes et a même été contrainte de changer de catégorie. “En transitionnant à un âge aussi tardif, on conserve le bénéfice d’avoir eu des niveaux masculins de testostérone très longtemps”, a-t-elle estimé auprès du journal l’Équipe. “Par exemple, aucun autre médaillé potentiel à Tokyo n’a la quarantaine”.

La question du niveau de testostérone

Mais sur le plan juridique, sa qualification ne souffre d’aucune contestation. Laurel Hubbard est devenue sélectionnable après avoir prouvé que ses niveaux de testostérone étaient inférieurs à ceux recommandés par le Comité international olympique (CIO), fixés à 10 nanomoles par litre. À l’inverse, l’athlète américaine transgenre CeCe Telfer, spécialiste du 400 mètres haies féminin, a été exclue des sélections olympiques, faute d’avoir pu répondre aux normes de World Athletics concernant son niveau de testostérone. Ces standards, fixés par la fédération internationale pour les courses allant du 400 m au mile (1 609 m), soumettent les femmes ayant un taux de testostérone inhabituellement élevé à prendre un traitement hormonal afin d’espérer concourir.

En décembre 2019, un rapport de l’ONG Humans Right Watch révélait ainsi que plusieurs athlètes, dont l’Ougandaise Annet Negesa, ont été contraintes de subir une opération d’ablation de leurs organes génitaux internes, producteurs de la testostérone, sans leur consentement éclairé.

La Sud-Africaine Caster Semenya, qui présente un excès naturel d’hormones sexuelles mâles, refuse de se soumettre à ce traitement et mène depuis plus de dix ans un bras de fer avec la Fédération internationale d’athlétisme. Interdite de 800 m et de 1 500 m en raison de ce règlement, elle n’a pas réussi à se qualifier pour Tokyo sur 5000 m.

Laurel Hubbard est bien présente pour sa part au Japon. Celle qui s’exprime très peu dans les médias sait bien que cela ne plaît pas à tout le monde, mais elle préfère ne pas y penser. “Tout ce que vous pouvez faire est de vous concentrer sur la tâche à accomplir et si vous continuez à le faire, cela vous permettra de passer à travers. Je suis consciente que je ne serai pas soutenue par tout le monde, mais j’espère que les gens pourront garder l’esprit ouvert et peut-être regarder ma performance dans un contexte plus large”, avait-elle déclaré en 2017 au journal Stuff.

Face à cette avalanche de réactions, l’équipe de Nouvelle-Zélande l’aide à gérer la situation. “Nous travaillons étroitement avec Laurel, comme avec n’importe quel sportif, mais en particulier avec elle en raison de l’énorme attention qu’elle génère”, a déclaré le porte-parole du comité olympique néo-zélandais, Ashley Abbott. “Nous continuerons à travailler avec elle afin de s’assurer qu’elle soit soutenue en permanence et qu’elle comprenne l’environnement dans lequel elle évolue”, a-t-elle ajouté.

Au sein des autres délégations, Quinn, de son nom de naissance Rebecca Quinn, est devenue la première personne officiellement trans non-binaire à participer aux JO, souligne le magazine Tétu. L’athlète concourt au tournoi de football féminin avec l’équipe du Canada avec laquelle elle s’est qualifiée pour les demi-finales contre les États-Unis. Dans un poste publié sur Instagram, elle a exprimé sa fierté “de voir ‘Quinn’ sur la liste et sur son accréditation” aux Jeux, tout en rappelant avec émotion que de précédents athlètes avaient été incapables “de vivre leur vérité à cause du monde” et que “le combat n’est pas encore terminé”.

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