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Tokyo 2021 : Simone Biles, les tourments et la perte de repères

Au-delà de ses tourments psychologiques, la légende vivante de la gymnastique Simone Biles a confessé vendredi souffrir de “perte de figure”. Ce phénomène, connu dans le milieu, provoque une perte de repères dans l’espace et peut s’avérer dangereuse pour les athlètes.

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Simone Biles sera-t-elle en mesure de disputer une seule des finales des JO de Tokyo ? La superstar de la gymnastique a fourni quelques explications vendredi 30 juillet sur les maux actuels qui la troublent. En plus de ses tourments psychologiques, elle dit souffrir de perte de repères dans l’espace, ce que les gymnastes appellent la “perte de figure” (ou “twisties” en anglais), qui peut être renforcée ou causée par le stress et surtout, mettre en danger un sportif.

Sur une vidéo postée sur Instagram lors des entraînements vendredi, on la voit atterrir sur le dos sur des coussinets à la fin de ses mouvements.

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“Ça ne m’était jamais arrivé avant aux barres et à la poutre, c’était juste au sol et au saut. Mais cette fois-ci, c’est littéralement sur chaque agrès. Et ça craint vraiment”, a expliqué S. Biles sur son compte Instagram. “Ça ne m’arrivait pas avant que je ne quitte les États-Unis. Ça a débuté par hasard, juste après les qualifications.”

Mardi soir, quand Simone Biles a décidé, à la stupeur générale, d’arrêter le concours général par équipes après un seul saut, elle a expliqué qu’elle ne “voulait pas risquer de se faire mal ou de faire quelque chose de stupide en participant à cette compétition”.

Évoquant alors sa santé mentale, elle avait déjà parlé de “twisties” (littéralement, tortillons), un phénomène connu dans le monde de la gym et du trampoline, qui peut aussi toucher les golfeurs : le sportif perd les commandes, son corps ne répond plus et ses repères disparaissent, une sorte de déconnexion conduisant à une désorientation.

Quand l’équipe des États-Unis, emmenée par sa star, fait son entrée dans l’Ariake gymnastics mardi soir, on est loin de penser que la quadruple championne olympique est en souffrance. Elle débute par le saut.

Avant que Biles ne s’élance, tout le monde n’a qu’une question en tête : va-t-elle réaliser sa nouvelle acrobatie, un double salto arrière carpé qu’elle a testé à l’entraînement ? Si elle le fait aux JO, ce serait une cinquième figure baptisée de son nom et elle marquerait encore plus l’histoire de la gymnastique.

Mais non : au lieu de cela, elle s’engage dans un saut dit “Amanar”, un saut très difficile avec deux vrilles et demie, sauf qu’une vrille disparaît au passage. “Je n’ai pas compris ce qui s’est passé, je ne savais pas où j’étais en l’air, j’aurais pu me blesser”, a-t-elle décrit lors de sa conférence de presse. Ses coéquipières l’interrompent : “On a eu une petite attaque cardiaque en voyant ce qui arrivait !”

“C’est ce que Simone Biles vit et c’est décuplé par la pression”

“Dans une carrière, tous les gymnastes ont des pertes de figure”, a expliqué à l’AFP Yann Cucherat, ancien directeur du haut niveau masculin. Lui-même ancien gymnaste, il a été confronté à ce phénomène pour ses sorties aux barres parallèles notamment.

“Pour moi, c’est ce que Simone Biles vit et c’est décuplé par la pression”, explique-t-il. “Cela vient nous pourrir le cerveau et on a peur de faire notre acrobatie”.

La situation est d’autant plus difficile pour Simone Biles qui a des acrobaties d’un niveau exceptionnel.

Pour éviter de “perdre ses figures”, il faut régulièrement refaire ses gammes et les décomposer, explique encore Yann Cucherat.

“Mon esprit et mon corps ne sont simplement pas synchronisés”

Un travail auquel va devoir s’astreindre Simone Biles pour revenir au plus haut niveau. Dans ses posts sur Instagram, la championne de gymnastique commençait déjà à décomposer et rationaliser ce qui la bloque actuellement.

“Sérieusement, je ne comprends pas comment faire des vrilles. Sentiment le plus étrange et le plus bizarre. C’est honnêtement pétrifiant d’essayer de faire un mouvement mais de ne pas avoir l’esprit et le corps en synchronisation”, a-t-elle expliqué.

“À ceux qui disent que je renonce. Je ne renonce pas, mon esprit et mon corps ne sont simplement pas synchronisés, comme vous pouvez le voir ici”, a insisté la championne.

“Je ne pense pas que vous réalisiez à quel point c’est dangereux sur des surfaces dures, ni pourquoi je place la santé en premier. La santé physique, c’est la santé mentale”.

Avec AFP

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