Les États-Unis ont annoncé mercredi un accord avec le gouvernement allemand pour clore leur dispute au sujet du gazoduc controversé Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne. Des sanctions sont notamment prévues à l’encontre de Moscou si Moscou “tente d’utiliser l’énergie comme une arme”.
Accord en vue entre les États-Unis et l’Allemagne. Washington a annoncé, mercredi 21 juillet, s’être entendu avec Berlin pour clore leur dispute au sujet de Nord Stream 2, le controversé gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne. Mais les opposants à Joe Biden dénoncent un “cadeau” au président russe Vladimir Poutine.
Cet accord, attendu, doit être présenté dans le détail plus tard mercredi, a confirmé la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland. Elle a toutefois dévoilé les principales dispositions : de possibles sanctions contre Moscou en cas de dérapage, et un engagement de Washington et Berlin à plaider ensemble pour le prolongement de dix ans des mesures garantissant le transit par l’Ukraine du gaz russe.
“Si la Russie devait tenter d’utiliser l’énergie comme une arme ou commettre d’autres actes agressifs à l’égard de l’Ukraine, l’Allemagne s’engage, dans cet accord avec nous, à prendre des mesures au niveau national, et à faire pression pour des mesures efficaces au niveau européen, y compris des sanctions pour limiter les capacités d’exportation russes vers l’Europe dans le secteur énergétique”, a-t-elle dit.
“L’autre aspect de cet accord, c’est un soutien à l’extension de l’accord sur le transit entre la Russie et l’Ukraine qui prend fin en 2024. Nous allons plaider et faire pression (…) pour dix années supplémentaires”, a-t-elle ajouté.
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L’Ukraine doit rester “un pays de transit” pour le gaz russe
Les États-Unis s’opposent vivement, et depuis des années, à Nord Stream 2 – qui est quasiment terminé. Ils déplorent que le gazoduc passe par la mer Baltique, mais pas par l’Ukraine, menaçant de priver ce pays d’une partie des revenus perçus sur le transit, mais aussi d’un moyen de pression sur Moscou.
Joe Biden a toutefois fini par renoncer à imposer des sanctions pour bloquer le projet, estimant qu’il était trop tard et qu’il valait mieux miser sur la coopération avec l’Allemagne, favorable, elle, à Nord Stream 2.
Cette marche arrière a valu au président américain les critiques des républicains, mais aussi de nombreux ténors de son propre camp démocrate.
Lors de sa visite à Washington la semaine dernière, Angela Merkel avait réaffirmé que l’Ukraine devait rester “un pays de transit” pour le gaz russe, tandis que Joe Biden avait dit partager avec la chancelière allemande “la conviction qu’il ne faut pas laisser la Russie utiliser l’énergie comme une arme pour contraindre ou menacer ses voisins”. Des déclarations qui avaient posé les jalons de l’accord annoncé mercredi.
Volodymyr Zelensky reçu par Joe Biden fin août
Sans attendre les détails, les républicains avaient dénoncé dès mardi ce compromis. “On a toujours su que Biden partageait le lit de Poutine, voilà que maintenant ils se font des câlins”, a raillé, provocateur, le sénateur trumpiste Ted Cruz, évoquant un “cadeau” permettant aux “dictateurs russes” de “faire du chantage énergétique” à l’Europe.
Victoria Nuland lui a répliqué mercredi au Sénat que le gouvernement Biden avait hérité d’un Nord Stream 2 “terminé à plus de 90 %”, et donc impossible à stopper, alors qu’en 2016, lorsque Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche, les États-Unis étaient, selon elle, “en passe de bloquer le gazoduc”.
Le sénateur Jim Risch a, lui, déploré que l’accord avec Berlin ait été “négocié sans la participation et le consentement d’alliés clés comme l’Ukraine et la Pologne”.
La numéro trois du département d’État américain a dû démentir les informations selon lesquelles Washington avait fait pression sur les autorités ukrainiennes pour qu’elles taisent leurs critiques. “Personne d’entre nous n’a fait pression sur l’Ukraine”, a assuré Victoria Nuland, évoquant “des consultations étroites avec les Ukrainiens sur chaque aspect de cet accord”.
La Maison Blanche a fait savoir dans la foulée que le président Biden recevrait son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky le 30 août.
Avec AFP