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“Non aux pillages !” : en Afrique du Sud, des habitants se mobilisent pour nettoyer après les émeutes

Après une semaine de violences meurtrières en Afrique du Sud, l’heure est au nettoyage dans les rues de Durban, la deuxième ville du pays. Les citoyens se mobilisent depuis le 15 juillet pour ramasser les déchets causés par les pillages et postent des images des opérations de nettoyage sur les réseaux sociaux pour appeler à la reconstruction et à l’unité dans le pays.

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“Est-ce que quelqu’un a besoin d’aide pour nettoyer/trier ?” Ce type de messages inonde le groupe Facebook Clean Up Durban, créé le 14 juillet pour coordonner les efforts des volontaires mobilisés pour nettoyer leur ville après les violentes manifestations et les pillages qui ont ébranlé l’Afrique du Sud au début de la semaine dernière. Le groupe compte aujourd’hui plus de 7 600 abonnés et plusieurs dizaines d’opérations de nettoyage à son actif en moins d’une semaine.

Les participants diffusent des vidéos sur les réseaux sociaux pour encourager d’autres personnes à les rejoindre. Ils appellent à l’union et à la solidarité, sous le hashtag #unitedurban :

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La vidéo filmée lors du nettoyage de Queen Nandi Drive à Durban a été postée sur TikTok le 16 juillet.

Une vague de violence sans précédent depuis la fin de l’apartheid a fait plus de 200 morts en Afrique du Sud. Les manifestations ont éclaté après que l’ex-président Jacob Zuma s’est rendu à la justice le 7 juillet, condamné à 15 mois de prison pour avoir refusé de comparaître devant une commission anticorruption, en février dernier. De nombreux commerces, entrepôts et usines ont été pillés, notamment dans la province du KwaZulu-Natal, dont est originaire Jacob Zuma et où se trouve Durban.

“Il faut s’unir pour faire des choses positives, pas des choses négatives”

Kieran Bauristhene, 32 ans, est responsable de site dans une usine à Westmead à l’ouest de Durban. Il a organisé une opération de nettoyage samedi 17 juillet dans cette zone industrielle où il travaille depuis 12 ans et a été bouleversé par l’étendue des dégâts causés par les pillages : 

Mercredi, quand les pillages ont cessé, j’ai décidé de venir voir la situation.  (…) C’était un désordre total, je n’avais jamais vu un tel niveau de destruction. La route était obstruée par des produits pillés, il y avait des caddies sur la chaussée. Et plus il y avait une odeur… la nourriture commençait à pourrir. Dans ces conditions, les employés ne pouvaient pas revenir travailler. Je me suis dit qu’il valait mieux nettoyer nous-mêmes plutôt qu’attendre que d’autres le fassent.

Des centaines de personnes sont venues aider samedi. Cela nous a pris seulement deux heures pour tout nettoyer, alors que j’étais sûr que ça nous prendrait deux jours ! Toutes sortes de personnes sont venues : des employés d’usine, des personnes âgées, des gens qui sont venus avec leurs enfants, des familles. Des personnes de toutes les ethnies y ont participé.





Il faut s’unir pour faire des choses positives, pas des choses négatives. Je n’approuve pas du tout [ces pillages], c’est complètement illégal. C’est triste que des gens se sentent désespérés au point de faire cela. Mais cela ne donne pas un bon exemple au reste du monde, ni à nos enfants.

“La moindre des choses que nous pouvions faire (…) était de nettoyer ce que d’autres membres de la communauté avaient cassé”

Dans le township de Ntuzuma B, un quartier pauvre au nord de la ville, plusieurs habitants ont participé aux émeutes. La communauté s’est néanmoins mobilisée le dimanche 18 juillet pour nettoyer. Avec la participation du secrétaire du comité de quartier, de la municipalité, de la police et de l’industrie des taxis, l’opération a été coordonnée par Nonkululeko Nonkanyezi Zungu, 25 ans, contactée par la rédaction des Observateurs :

Samedi, nous avons vu que tout le monde était en train de nettoyer partout, alors que nous restions assis. Pourtant, nous avons des infrastructures à réparer. Nous avons décidé que la moindre des choses que nous pouvions faire pour montrer aux investisseurs et au monde que nous ne sommes pas fiers de ce qu’il s’est passé, était de prendre la responsabilité de nos actions en nettoyant ce que d’autres membres de la communauté avaient cassé.

Nous voulons dire non au racisme, non aux pillages, et oui à la protection de nos infrastructures, oui à une communauté résiliente.

Les habitants qui se sont réunis pour nettoyer ont également encouragé les personnes ayant participé aux pillages à rendre volontairement ce qu’ils ont pris, comme l’ont demandé les autorités. De nombreuses personnes ont ainsi déposé des frigos sur le bord de la route pour permettre à la police de les reprendre, raconte Nonkululeko Nonkanyezi Zungu.

La vidéo a été publiée sur TikTok par Razeen Dada. Il a participé au nettoyage de Queen Nandy Drive, dans la zone industrielle de Riverhorse, après en avoir entendu parler sur Whatsapp.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa est venu constater les efforts de nettoyage et de reconstruction dans le township de Soweto à Johannesburg, le 18 juillet. Il a participé à l’opération, sous l’œil des caméras.

La destruction de centaines de magasins et supermarchés a mis la pression sur les populations les plus pauvres : pendant plusieurs jours, nombreux ont fait face à une pénurie de nourriture et de carburant. Selon les prévisions de la banque américaine JPMorgan, l’économie sud-africaine pourrait perdre trois points de PIB lors du prochain trimestre.

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