À l’image du Rwanda qui se reconfine ce samedi, l’Afrique enregistre une forte hausse des cas de Covid-19 sous la pression du variant Delta. Le nombre de décès a grimpé de 43 % selon l’OMS, essentiellement dans les pays du sud et de l’est du continent.
C’est l’un des bons élèves de la lutte contre le Covid-19 en Afrique. Le Rwanda, qui avait jusqu’à présent réussi à contenir l’épidémie, fait face depuis plusieurs semaines à une explosion des cas. Pour endiguer la progression du virus, Kigali ainsi que huit autres districts se reconfinent à partir du samedi 17 juillet pendant au moins neuf jours.
Les bureaux et les écoles resteront fermés, les transports publics ne fonctionneront pas, tandis que le nombre de personnes assistant aux enterrements sera limité à 15. Les activités touristiques sont maintenues mais soumises à de stricts protocoles sanitaires et au respect d’un couvre-feu.
Une flambée des cas au Rwanda qui s’observe également dans plusieurs autres pays du continent ces derniers jours. Les décès liés au Covid-19 ont connu “une progression de 43 %” en l’espace d’une semaine en Afrique, a averti jeudi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
“C’est un signe d’avertissement clair que les hôpitaux des pays les plus touchés atteignent un point de rupture”, a déclaré la docteure Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Le nombre de décès est ainsi passé à 6 273 la semaine du 5 au 11 juillet, contre 4 384 la semaine précédente.
Ces chiffres seraient cependant largement sous-estimés. Les experts estiment que les morts du Covid-19 en Afrique pourraient être en réalité trois à quatre fois plus nombreux.
Trop peu d’Africains vaccinés
Comme en Europe, la poussée du très contagieux variant Delta explique en partie cette augmentation du nombre de cas. Jusqu’à présent, le variant a été détecté dans 21 pays africains. La plupart des nouveaux décès sont enregistrés en Namibie, en Afrique du Sud, en Tunisie, en Ouganda et en Zambie.
Sur un continent qui doit faire face à des pénuries d’oxygène et de lits en soins intensifs, la faible couverture vaccinale fait grimper la mortalité. Aujourd’hui, seuls 8 millions d’Africains ont reçu les deux doses nécessaires à une immunité complète.
Méfiance de la population, problèmes d’approvisionnement et défaillances du système de solidarité Covax sont autant de freins à la vaccination en Afrique.
>> À voir : “Covid-19 : à quand un vaccin produit sur le sol africain ?”
Même au Rwanda, l’un des premiers pays africains à avoir lancé sa campagne, le nombre de personnes vaccinées peine à décoller, avec seulement 3 % de la population immunisée.
En Afrique du Sud, pays le plus touché par la pandémie sur le continent, la campagne de vaccination a connu un sérieux coup d’arrêt ces derniers jours. Avec les émeutes provoquées par l’emprisonnement le 8 juillet de l’ancien président Jacob Zuma, certains centres médicaux ont dû fermer leurs portes tandis que des professionnels de santé ont été empêchés de se rendre sur leur lieu de travail.
Covax à sec
En pleine troisième vague de l’épidémie, l’Afrique manque cruellement de vaccins. En RD Congo, les autorités ont indiqué mercredi que le pays était en rupture de stock d’AstraZeneca.
Après avoir fourni 100 millions de doses, au lieu des 500 millions prévues au 1er juillet, Covax a vu en effet son rythme d’approvisionnement se réduire considérablement. L’emballement de la pandémie en Inde n’a pas aidé. Principal fournisseur de Covax, le pays a bloqué fin mars les exportations de vaccins.
Entre les problèmes de financement et le nationalisme vaccinal des pays riches, le mécanisme de solidarité a échoué à réduire la fracture entre le Nord et le Sud. Un chiffre permet de saisir l’ampleur de ces inégalités : sur les 3,5 milliards d’injections réalisées dans le monde, 1 % seulement ont bénéficié aux Africains.
Lors du dernier sommet du G7, les pays riches ont bien promis un milliard de doses, mais seulement la moitié devrait être livrée cette année.
Ces difficultés d’approvisionnement semblent toutefois avoir été résolues provisoirement cette semaine. Deux fabricants chinois, Sinopharm et Sinovac, se sont engagés à fournir immédiatement 110 millions de doses. Cependant, des doutes persistent encore dans la communauté scientifique sur leur efficacité contre le variant Delta.
De leur côté, les États-Unis ont annoncé vendredi l’envoi dans les jours à venir de 25 millions de doses en Afrique. Au total, 49 pays recevront des vaccins Johnson & Johnson, Moderna ou Pfizer. Un geste salué par l’Union africaine mais une goutte d’eau au regard des ambitions de l’UA de vacciner 20 % de la population du continent d’ici la fin de l’année puis 60 % en 2022.