Considérées comme des symboles du passé raciste et esclavagiste de l’Amérique, plusieurs statues controversées – dont celles de deux généraux confédérés – ont été déboulonnées samedi dans la ville américaine de Charlottesville, en Virginie. En 2017, des centaines de membres de l’ultra-droite avaient manifesté pour protester contre le projet de la municipalité d’enlever ces statues, provoquant des heurts entre suprémacistes blancs et contre-manifestants.
La ville américaine de Charlottesville a effacé, samedi 10 juillet, des symboles du passé esclavagiste et raciste des États-Unis en déboulonnant plusieurs statues controversées, dont celles de deux généraux confédérés, qui avaient été à l’origine d’affrontements meurtriers entre militants d’extrême droite et manifestants antiracistes en 2017.
Ces statues, du général Robert Lee, chef de l’armée sudiste pro-esclavage pendant la guerre de Sécession, et du général Thomas “Stonewall” Jackson, tous deux en uniforme et à cheval, se trouvaient dans deux petits parcs près du centre historique de cette ville de l’État de Virginie.
Des ouvriers de la municipalité ont démonté les deux statues à l’aide d’une grue, sous les hourras et applaudissements de plusieurs dizaines de personnes.
“Retirer cette statue représente un petit pas vers l’objectif d’aider Charlottesville, la Virginie et l’Amérique à se confronter au péché que représente le fait d’avoir été jusqu’à détruire des personnes noires pour des profits”, a affirmé la maire de la ville, Nikuyah Walker, avant le début des opérations.
Symboles du passé raciste et esclavagiste de l’Amérique
En août 2017, des centaines de membres de l’ultra-droite avaient manifesté pour protester contre le projet de la municipalité d’enlever ces statues, pourtant vues par beaucoup comme des symboles du passé raciste et esclavagiste de l’Amérique.
Au terme de ce rassemblement, des heurts avaient éclaté entre suprémacistes blancs et contre-manifestants.
Ces derniers avaient été pris pour cible par un sympathisant néo-nazi, qui leur avait foncé dessus en voiture, tuant une femme de 32 ans, Heather Heyer, et blessant des dizaines de personnes.
Le président Donald Trump s’était contenté de dénoncer des violences “des deux côtés”, s’attirant une avalanche de critiques.
Désormais retirées, les statues vont être stockées en attendant que le conseil municipal ne décide de leur sort, a annoncé la ville, qui a reçu dix propositions d’organisations publiques ou privées souhaitant les récupérer, dont quatre originaires de l’État de Virginie.
Depuis le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd par un policier blanc en mai 2020, de nombreux monuments à la gloire de l’armée confédérée ont été retirés, soit par les autorités, soit par des manifestants antiracistes.
Quatre statues à déboulonner
Pendant la guerre de Sécession (1861-1865), le Sud avait pris son indépendance des États-Unis et se battait pour maintenir la pratique de l’esclavage, aboli dans le reste du pays. La Virginie, où se sont installés les premiers colons anglais, était alors le coeur de l’Amérique esclavagiste.
Les drapeaux et monuments confédérés sont aujourd’hui souvent considérés comme des symboles racistes, même si leurs partisans expliquent y voir un simple héritage de l’histoire du pays et dénoncent une “culture de l’effacement”. Charlottesville avait déjà enlevé en septembre 2020 la statue d’un soldat confédéré érigée en 1909.
Une autre statue contestée dans le centre-ville, représentant des explorateurs dont les découvertes avaient donné lieu à la ruée vers l’Ouest, au détriment des populations autochtones, a également été déboulonnée après un vote en urgence du conseil municipal à la mi-journée.
La décision de la démonter avait été prise en 2019 mais “nous avons décidé de profiter de l’occasion d’avoir l’équipement et le personnel à disposition” ce samedi, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la municipalité.
Une quatrième statue doit être démontée dimanche sur le campus de l’Université de Virginie, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’institution.
Elle représente un général de la guerre d’indépendance américaine s’étant battu contre l’armée britannique et ses alliés amérindiens puis, après la guerre, contre les tribus indiennes pour permettre l’expansion des colons blancs.
Les opposants à la statue lui reprochent de représenter le général à cheval accompagné de trois soldats en armes, face à trois Amérindiens dans une position d’infériorité.
Une commission pour l’égalité raciale de l’Université avait recommandé son enlèvement en septembre 2020 afin de “construire des relations de confiance avec les tribus et communauté indigènes de Virginie”.
Avec AFP