Les autorités haïtiennes ont procédé à 17 arrestations depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet, tué dans sa résidence privée de Pèlerin 5 à Pétionville par un commando armé. Mais certaines de ces arrestations n’auraient pas été possibles sans la population locale, qui a repéré des mercenaires présumés avant de les livrer à la police. Comme le montrent plusieurs vidéos, dans le bidonville de Jalouzi, la foule s’est ainsi violemment saisie de deux suspects le 8 juillet.
Les autorités haïtiennes ont indiqué, jeudi 8 juillet, conjointement avec leurs homologues colombiens, que d’anciens soldats de l’armée colombienne faisaient partie du commando armé responsable de l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, ainsi que deux Américains d’origine haïtienne.
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Le directeur général de la police haïtienne, Léon Charles, a précisé qu’un commando de “mercenaires” composé de 26 Colombiens et de deux Américains d’origine haïtienne ont “mené l’opération pour assassiner le président”, ajoutant que trois des Colombiens avaient été tués et huit autres étaient toujours en fuite.
Plusieurs hommes suspectés d’appartenir à ce commando ont été filmés dans le cadre de leur détention, des images diffusées le 8 juillet sur la page Facebook de la Primature de la République d’Haïti.
Parmi ces hommes, au moins deux ont été repérés et “arrêtés” par la population du bidonville de Jalouzi, à Pétionville, le 8 uillet au matin, comme le montre l’assemblage de vidéos ci-dessous. On reconnaît clairement leur visage et leur accoutrement, les mêmes que deux des hommes de la vidéo publiée par la Primature de la République d’Haïti.
“Les gens ont remarqué qu’ils n’étaient pas armés mais qu’ils portaient des vêtements au style militaire”
Marc Ancel Chéry, directeur du média local Jalouzi Post, était présent quand ces deux suspects ont été appréhendés par la foule.
Je suis arrivé au niveau de la station de minibus quand la foule s’était déjà emparée des deux hommes. La population racontait qu’ils avaient été aperçus dans des champs en contrebas du bidonville, dans une zone que l’on surnomme “Tchétchénie”.
La population s’est emparée d’eux car, quand une personne a essayé de les approcher, les deux suspects l’ont frappée. Les gens ont remarqué qu’ils n’étaient pas armés mais qu’ils portaient des vêtements au style militaire, notamment des bottes. Ils ne parlaient ni français, ni créole, seulement espagnol. La population ne pouvait donc pas communiquer correctement avec eux mais ils ont décidé de les livrer à la police.
“Certains auraient pu imaginer la foule les lyncher ou, pire, les tuer”
Ils les ont donc attachés avec du cordage et, même si je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, ils les ont aussi frappés puisque l’un d’eux était en sang quand ils sont arrivés à la station.
La police a mis quelques dizaines de minutes à arriver et ils ont ensuite été pris en charge par les officiers.
Ça ne m’étonne pas vraiment que ces hommes, si on part du principe qu’ils sont bien les mercenaires derrière l’assassinat du président, aient tenté de se cacher dans notre quartier. Nous sommes déjà situés à seulement quelques kilomètres de la résidence du président [précisément 1,2 km à vol d’oiseau, NDLR]. La configuration du bidonville le rend aussi difficile d’accès pour les policiers à leurs trousses : les ruelles sont tortueuses, étroites…
Le lendemain de l’assassinat nous avions entendu de nombreux tirs un peu plus haut, près du Kinam Hôtel à la lisière du bidonville. On savait donc que des suspects étaient tout proches.
Je me félicite cependant que la population ait livré ces hommes à la police, dans de pareilles circonstances. Certains auraient pu imaginer la foule les lyncher ou, pire, les tuer. Mais la population est restée relativement calme.