En mer, loin des regards, le chantier Nord Stream 2 reste inachevé. La Russie et l’Allemagne souhaitent terminer au plus vite ce gazoduc qui doit les relier. Cependant, des ONG écologistes, l’Europe, l’Ukraine ou encore les États-Unis sont partis en guerre contre ce projet aux enjeux économiques mais aussi géopolitiques. Reportage de nos correspondants en Allemagne, en Russie et en Ukraine.
Les 1 230 km de tubes du deuxième gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne seront-ils un jour opérationnels ? Techniquement, Nord Stream 2 est quasiment terminé, seul un tronçon de 150 km n’a pas encore été achevé. Car, depuis 2019, les sanctions prises par les États-Unis contre les entreprises européennes qui participent à sa construction empêchent son achèvement.
Washington et plusieurs pays européens ont rejoint l’Ukraine pour s’opposer à la mise en route de Nord Stream 2. Pour Kiev, ce projet prive le pays des revenus tirés du transit du gaz russe sur son sol et l’affaiblit dans le conflit qui l’oppose à Moscou dans la région du Donbass (est de l’Ukraine).
Commerce, sanctions et géopolitique
Pour tous ceux qui voient en Vladimir Poutine un ennemi de la stabilité et de l’unité de l’UE, la construction de Nord Stream 2 va directement à l’encontre des tentatives des Européens pour le contenir.
Pour les promoteurs russes et allemands du gazoduc, en revanche, il s’agit d’un projet purement commercial qu’ils comptent bien mener à son terme avant la fin de l’année 2021. La décision prise par Joe Biden de renoncer à l’application des sanctions leur a donné de l’espoir, et a soulagé les régions côtières allemandes qui attendent de la mise en service du pipeline d’importantes retombées économiques.
Les Verts allemands opposés au projet
Lorsque le pipeline sera achevé, l’avenir de Nord Stream 2 risque de devenir l’un des dossiers brûlants du prochain gouvernement allemand. Selon les derniers sondages, le scrutin qui se tiendra en septembre devrait déboucher sur une forte progression des Verts. Le parti écologiste allemand s’est prononcé contre le projet et ses électeurs semblent déterminés à ce qu’il tienne parole.
Un reportage d’Anne Mailliet, Gulliver Cragg, Elena Volochine, Willy Mahler, Susanne Gelzenleuchter, Niguina Beroeva et Pavel Sergueev.