Privés de trophée depuis un demi-siècle, les Anglais ont écarté de courageux Danois (2–1 après prolongation) mercredi en demi-finale à Londres, faisant chavirer leur stade de Wembley. Ils tenteront dimanche, face aux Italiens, d’écrire une nouvelle page de leur histoire.
Cinquante-cinq ans après le triomphe anglais au Mondial-1966, les Three Lions disputeront enfin une finale d’un tournoi majeur, à nouveau à Wembley, après des années de disette et de désillusions. Les Anglais ont obtenu leur billet en éliminant, mercredi 7 juillet, les Danois sur le score de 2 à 1. Ils seront opposés dimanche à la sélection italienne pour tenter de remporter le trophée européen.
“Je suis tellement fier des joueurs. C’était une soirée incroyable, les supporters ont été incroyables toute la soirée”, s’est félicité le sélectionneur anglais Gareth Southgate. L’Italie “est vraiment une équipe de très haut niveau depuis deux ans maintenant. (…) C’est une équipe qui joue avec beaucoup d’énergie et de style, c’est difficile de marquer contre eux”, a-t-il relevé.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a assisté à la rencontre, a souligné la “fantastique performance de l’équipe de Gareth Southgate”, qui a joué “de tout son cœur”. “Désormais la finale. Ramenons-la à la maison”, a-t-il poursuivi sur Twitter.
Tonight @England played their hearts out. What a fantastic performance from Gareth Southgate’s squad.
Now to the final. Let’s bring it home 🏴
— Boris Johnson (@BorisJohnson) July 7, 2021
Même satisfaction des supporters, qui ont célébré cette victoire par dizaines dans les rues de Londres et de Manchester notamment. Plusieurs journaux britanniques ont fait un jeu de mot avec “Final” (finale) et “Finally” (enfin). “L’Angleterre écrit l’histoire”, titre The Times, tandis que le tabloïd The Sun évoque ce qui est “probablement le meilleur sentiment au monde” et le Daily Star, “le plus grand rêve de tous les temps”.
Un arbitrage contesté
Dans un match très intense, un penalty discutable transformé en deux temps par le capitaine Harry Kane (104e) a libéré les Anglais, qui avaient été poussés jusqu’en prolongation après un coup franc splendide de Mikkel Damsgaard (30e) et une égalisation contre son camp du capitaine danois Simon Kjaer (39e).
Ce dénouement controversée a été validé par l’arbitre, sa décision ayant été ratifiée par l’arbitrage vidéo. Malgré un contact plus que léger sur Raheem Sterling et la présence d’un second ballon sur la pelouse au moment de l’action, il fallait lire la délivrance sur le visage des Anglais après ce but décisif. “Il y avait absolument penalty, je suis entré dans la surface, il a placé sa jambe en opposition et il y avait clairement penalty”, a plaidé Sterling après le match.
Cette première qualification pour la finale d’un Euro récompense un parcours quasi parfait dans ce tournoi organisé dans onze villes de onze pays. Les Anglais ont disputé tous leurs matches à domicile à l’exception d’un quart de finale à Rome contre l’Ukraine (4–0).
Reste désormais à terminer en beauté dimanche (21 h) contre l’Italie, pour une revanche du quart de finale de l’Euro-2012 remporté aux tirs au but par les Azzurri (0–0 a.p., 4–2 t.a.b.).
La déception danoise
Le sortilège est peut-être levé pour les Anglais, qui passent enfin le cap des demi-finales où ils avaient toujours échoué depuis 1966, aussi bien en Coupe du monde (1990 et 2018), qu’à l’Euro (1968 et 1996) ou même en Ligue des nations (2019).
C’est en revanche un crève-cœur pour le Danemark, pays de moins de six millions d’habitants qui rêvait de créer à nouveau la surprise, 29 ans après avoir gagné l’Euro-1992. Kasper Hjulmand, sélectionneur du Danemark, a félicité son homologue britannique pour les “valeurs qu’il a inculquées à son équipe”.
“Nous sommes très déçus et c’est très dur pour moi d’en parler tout de suite. Peut-être que ce sera plus facile dans quelques jours. Nous étions tellement proches de la finale”, a-t-il confié. “Cela a été une aventure fantastique. Je suis désolé que ce soit fini désormais mais c’est comme ça. Le soutien que nous avons reçu dépasse tout ce que j’avais espéré”, a déclaré le capitaine danois Simon Kjaer.
Les Danois ont en effet gagné le cœur de la planète football, émue par le malaise cardiaque en plein match du milieu Christian Eriksen en début de tournoi. Porté par un supplément d’âme depuis ce dramatique épisode, c’est le Danemark qui a frappé le premier mercredi soir, grâce à un coup franc magistral de Mikkel Damsgaard (21 ans), l’une des révélations du tournoi (30e).
Mais l’Angleterre a aussitôt réagi : le jeune ailier Bukayo Saka, originaire du quartier d’Ealing, non loin de Wembley, a accéléré, débordé et centré fort, contraignant Kjaer à tacler le ballon dans son propre but sous la pression de Sterling. Soit le 11e but “c.s.c.” inscrit dans ce tournoi, un record pour un Euro !
L’intensité est montée crescendo au fil des minutes et des arrêts de Kasper Schmeichel, dans le temps réglementaire (38e, 55e) puis en prolongation (94e, 98e). Puis, sur un déboulé anodin, Sterling, encore lui, s’est écroulé après un contact très léger : penalty, transformé en deux temps par Kane alors que Schmeichel avait encore repoussé la première frappe (104e).
Au coup de sifflet final, les Anglais ont pu exulter, jubilant à l’idée que le football revienne “à la maison”, au pays qui a codifié les règles du ballon rond, selon les paroles du fameux hymne de l’Euro-1996 rediffusé avant cette demi-finale.
Une première finale Angleterre – Italie
Et l’on peut s’attendre à la même ferveur dimanche à Wembley pour la finale contre l’Italie, malgré le contexte sanitaire toujours morose et les restrictions de circulation des supporters, dans un contexte de propagation du très contagieux variant Delta. Selon la Fédération italienne, jusqu’à 1 000 supporters venus d’Italie pourront assister dimanche à la finale, à condition de respecter une quarantaine au retour.
Ils s’ajouteront aux Italiens résidents britanniques autorisés à accéder à Wembley pour tenter de répondre au bruyant chœur anglais. Ce sera la première finale opposant ces deux grandes nations du foot, en épilogue d’un tournoi au format paneuropéen inédit et au déroulement décidément imprévisible.
Avec AFP