Alors qu’un désaccord perdure sur la production de pétrole avec les Émirats arabes unis, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés via l’accord Opep+ ont annulé leur réunion de lundi sans fixer d’autre date.
Une réunion de l’Opep annulée, lundi 5 juillet, faute d’avoir trouvé un terrain d’entente. Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés via l’accord Opep+ ont annulé leur réunion sans se donner de nouveau rendez-vous, sur fond de désaccord entre les Émirats arabes unis et le reste du groupe.
Le sommet ministériel de l’Opep+ “a été annulé”, a écrit dans un communiqué le secrétaire général de l’Opep, Mohammed Barkindo, envoyé à la presse peu après 16h30 GMT (18h30 à Paris et à Vienne, au siège du cartel), alors que la réunion était censée débuter à 13h00. “La date de la prochaine réunion sera décidée en temps utile”, est-il indiqué dans le même document.
Un plan était pourtant sur la table de l’alliance : celui d’augmenter chaque mois la production de pétrole de 400 000 barils par jour entre août et décembre, soit un total de 2 millions de barils quotidiens remis sur le marché d’ici la fin de l’année, dans un contexte de reprise de la demande.
Mais un différend a émergé entre les Émirats et ses partenaires sur un point technique : son volume de production de référence. Ce seuil arrêté à la date d’octobre 2018 correspond pour Abou Dhabi à 3,17 millions de barils par jour. Il ne reflète effectivement pas la pleine capacité de production du pays, qui est montée à plus de 3,8 millions de barils par jour en avril 2020, à la veille des coupes drastiques du cartel.
Réduction de la production et hausse des prix
“C’est tout le groupe contre un seul pays”, avait commenté, dimanche, le ministre saoudien Abdelaziz ben Salmane interrogé par Bloomberg TV, tout en appelant dans une autre interview, sur la chaîne Al-Arabiya, à “un peu de rationalité et un peu de compromis”. Cette divergence avait déjà fait capoter le premier cycle de réunions du cartel jeudi dernier, puis de nouveau le lendemain, au sein d’un groupe davantage habitué aux prises de bec entre les deux poids lourds, la Russie et l’Arabie saoudite.
“Le timing de cette crise n’est pas surprenant”, a réagi auprès de l’AFP Alan Gelder, analyste de Wood Mackenzie, “car l’Opep fonctionne mieux lorsqu’elle est confrontée à des défis importants” et des prix bas. Sa stratégie depuis avril 2020, faite d’une réduction drastique de la production puis d’un retour progressif de celle-ci par palier mensuel, en est l’illustration puisqu’elle a permis aux vendeurs de faire sortir les cours du brut de l’abîme.
Les prix des deux références du pétrole brut, le Brent et le WTI, évoluent désormais au-dessus de 76 dollars le baril, soit une hausse impressionnante de plus de 50 % depuis le 1er janvier.
Ils grimpaient encore lundi quelques instants avant une clôture avancée en raison d’un jour férié aux États-Unis. Car en cas d’absence d’accord de l’Opep+, pourrait être reconduit en août un niveau de production identique à celui de juillet, ce qui aurait pour effet de resserrer davantage le marché, avec un risque de surchauffe.
La recherche du consensus
“Le report et le temps qu’il a fallu pour l’annoncer montrent que des négociations sont en cours en marge de la réunion”, estime Louise Dickson, de Rystad, notant “l’effort pour parvenir à un consensus”. Les discussions sur le prolongement de l’accord au-delà d’avril 2022, qui ont fait bondir Abou Dhabi, “risquent toutefois de s’avérer longues et difficiles”, prévient M. Gelder.
Pour Samuel Burmann, de Capital economics, ce troisième report depuis jeudi fait carrément planer le spectre de “l’effondrement de l’ensemble de l’accord”. L’Opep+ fait de surcroît face à une équation complexe, entre une reprise bien réelle de la demande mais qui reste fragile, un retour probable à moyen terme des exportations iraniennes et le mécontentement de certains gros importateurs comme l’Inde devant les prix élevés. Mais l’alliance en a déjà vu d’autres. Elle a notamment su dépasser en début d’année dernière un désaccord profond entre Moscou et Riyad qui avait débouché sur une courte mais intense guerre des prix.
Avec AFP