La Cité des Papes va vivre au rythme des restrictions sanitaires tout en renouant avec son festival de théâtre à partir de lundi. Le Festival d’Avignon, annulé l’an passé, est attendu avec impatience par les organisateurs.
Un an après l‘annulation de l’édition 2020 pour cause de pandémie, Avignon redevient la capitale du théâtre grâce à l’ouverture de son festival international lundi, avec un œil sur la scène et un autre sur les restrictions sanitaires.
La veille même de l’inauguration, la manifestation de théâtre, l’une des plus importantes au monde avec le Festival d’Edimbourg, s’est vue privée d’un spectacle sud-africain en raison de contamination au sein de l’équipe, restée bloquée dans leur pays qui connaît des infections record actuellement.
Centres de dépistage, distribution d’autotests, masque dans la rue – à la différence du reste de la France – en raison de l’affluence à l’extérieur lors du festival, aération des salles de 40 minutes entre les créneaux des spectacles : la Cité des Papes va vivre au rythme des restrictions mais les organisateurs préfèrent voir le verre à moitié plein.
“Je suis euphorique, c’est comme si c’était mon premier festival !” s’enthousiasme son directeur, Olivier Py. “Avoir été privé du festival l’année dernière ne fait qu’accroître l’impatience, le désir de vivre celui-là. On a appris à quel point c’était précieux.”
“Renaissance”
Le nom du successeur d’Olivier Py sera annoncé lundi par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, au Palais des Papes. C’est là, et plus précisément dans la Cour d’honneur rénovée cette année, que se jouera le spectacle d’ouverture, “La Cerisaie” de Tchekhov, avec notamment Isabelle Huppert, dans une mise en scène du Portugais Tiago Rodrigues.
Une bonne nouvelle est tombée fin juin : jauge à 100 % pour toutes les salles. “Ce n’était pas gagné, on avait contingenté des places, on n’avait vendu que 40 % des places”, explique le directeur du festival. “C’est une renaissance, d’autant que cette année il y a 20 000 places de plus à la vente, 35 levers de rideau en plus. Et dès l’ouverture des guichets, on a eu un enthousiasme du public inouï.”
Avec 21 lieux et 50 spectacles, le festival dit “in” se dit prêt, tout comme le “off”, qui se tient parallèlement à la manifestation officielle. Les deux représentent une manne pour la ville, avec un poids économique estimé à près de 65 millions d’euros.
“C’est un peu la course pour tout le monde, mais on est soulagé que le festival se tienne”, déclare à l’AFP Sébastien Benedetto, président de l’association qui gère le “off”, considéré comme le plus grand marché de spectacle vivant en France. Il se félicite aussi de la jauge à 100 %, chose à laquelle il ne “croyait pas du tout en mai”. “On avait un peu d’appréhension par rapport au public, mais petit à petit on est rassuré car on vend pas mal de billets et de cartes d’abonnements”, autant qu’en 2019, précise-t-il.
“Tout le monde ici”
Le “off” rassemble près de 1 500 spectacles en temps normal mais n’en présente que 1 070 cette année, avec cinq à six spectacles par salle, contre huit habituellement.
“Par la force des choses, ça donne aux acteurs le temps de souffler, aux techniciens de démonter les décors; il faut juste trouver les moyens économiques d’accompagner les théâtres”, ajoute Sébastien Benedetto.
Le ministère de la Culture s’est engagé à soutenir les équipes artistiques avec une aide sur l’emploi et un accompagnement au déficit pour “les lieux qui seraient contraints de faire moins de créneaux”.
“On ne sait pas comment ça va se passer, il y a toujours la menace du variant (Delta), on a un préfet qui fait attention à tout ça et les théâtres aussi”, précise Sébastien Benedetto, qui est aussi directeur du théâtre des Carmes, où les comédiens sont vaccinés à 90 %. “Mais on est heureux de se retrouver sur Avignon, c’est vraiment le moment où il y a tout le monde du théâtre français qui se retrouve ici”.
Avec AFP