Le “Forum génération égalité”, la plus importante conférence internationale sur ce thème depuis 1995, débute mercredi à Paris. L’événement doit permettre de lancer des actions concrètes en faveur de l’éducation des filles ou encore la lutte contre les violences sexuelles.
Reconstruire une “économie plus égalitaire”, combattre les violences contre les femmes, soutenir les militantes : Emmanuel Macron donne, mercredi 30 juin, à Paris le coup d’envoi d’une conférence de l’ONU sur l’égalité des sexes très attendue par les ONG, qui demandent aux États des engagements concrets, notamment financiers.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris (en visioconférence), doivent également prendre part à la cérémonie d’ouverture de ce “Forum génération égalité”.
“Dans un contexte d’augmentation des inégalités, accentuées par la pandémie, et de recul des droits des femmes à l’échelle mondiale”, cette réunion organisée en partie en “distanciel” associera responsables politiques, organisations non gouvernementales et fondations philanthropiques pour “redonner une impulsion décisive” à l’égalité femmes/hommes, a expliqué l’Élysée.
Le forum doit déboucher sur un “plan mondial d’accélération” vers l’égalité, autour de plusieurs thématiques comme les violences envers les femmes, le droit à disposer de son corps, l’éducation des filles ou encore l’égalité économique.
Chaque thème sera abordé par des “coalitions d’actions” associant États, organisations internationales, société civile et secteur privé pour élaborer une “feuille de route” dont la mise en oeuvre doit être évaluée dans les cinq ans.
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Les trois jours de ce “rassemblement féministe” permettront de dévoiler un “catalogue de tous les engagements” pris par les participants, a souligné mercredi Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale du forum.
Soucieux d’éviter que les participants fassent de “beaux discours” non suivis d’effets, les organisateurs de l’événement ont “mis un ticket d’entrée, en disant : ‘si vous voulez participer au forum, il faut que vous preniez un engagement concret et ambitieux, qui sera transparent, connu de tous'”, a expliqué Delphine O.
Le président Macron “va annoncer des engagements substantiels, notamment sur l’accès à la contraception partout dans le monde, sur l’éducation des filles” et “la protection des femmes défenseures des droits, qui sont menacées ou emprisonnées dans leur pays”, a encore détaillé Delphine O.
Moins de paroles, plus d’argent
Plusieurs chefs d’État et de gouvernement doivent prendre la parole lors de la cérémonie d’ouverture, mercredi après-midi au Carrousel du Louvre, dont certains à distance. Sont ainsi annoncés l’Allemande Angela Merkel, le Canadien Justin Trudeau, le Mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa ou le Kényan Uhuru Kenyatta.
La société civile sera également représentée, avec la Prix Nobel irakienne Nadia Mourad, la philanthrope américaine Melinda Gates, ou des militantes des droits des femmes venues de plusieurs continents, engagées dans la défense de l’accès à l’avortement en Pologne, du mouvement LGBT en Turquie ou des droits politiques des femmes en Afghanistan.
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Plusieurs ONG féministes ont prévu de se faire entendre à l’occasion de cette conférence onusienne. L’organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam a ainsi plaidé, en amont de l’événement, pour que la France mette en place un “plan de relance féministe” et donne ainsi une impulsion qui servirait d’exemple à d’autres États.
Ce plan est d’autant plus nécessaire que les femmes ont été les principales victimes de la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19, insiste l’ONG. Il est donc urgent, selon elle, de “promouvoir des politiques publiques qui déchargent les femmes du travail domestique”, revaloriser les salaires des métiers à prédominance féminine, conditionner l’attribution de fonds publics au respect de l’égalité dans le monde du travail, ou encore “augmenter significativement” l’aide au développement dédiée à l’égalité.
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Tous les États du monde devraient “allouer 0,1 % de leur PIB à la lutte contre les violences basées sur le genre”, a par ailleurs expliqué lors d’un point presse Marie Véron, du “Collectif générations féministes”, qui a lancé une campagne intitulée “Stop Talking, start Funding” (“assez de paroles, de l’argent!”)
“Les féministes du monde entier ont le regard tourné vers Paris et Emmanuel Macron”, et attendent “des engagements financiers”, a-t-elle insisté.
Avec AFP