Dans un rapport annuel, l’ONU dénonce des “violations du droit humanitaire international” commises par des “instructeurs” russes en Centrafrique, avec les forces armées.
Des “instructeurs” russes envoyés en Centrafrique ont commis, avec les forces centrafricaines, “des violations du droit humanitaire international”, selon un rapport annuel des experts de l’ONU chargés de ce pays.
Si Moscou argue que ces “instructeurs” ne sont pas armés et ne participent pas aux combats, le groupe d’experts affirme avoir reçu “des témoignages confidentiels sur un recours excessif à la force par les Faca (armée centrafricaine) et les instructeurs russes dans plusieurs régions visitées”, d’après ce document remis récemment au Conseil de sécurité et obtenu lundi 28 juin par l’AFP.
Parmi les “violations du droit international humanitaire commises par les soldats des Faca et des instructeurs russes”, figurent notamment des “assassinats aveugles, des occupations d’écoles et des pillages à grande échelle y compris d’organisations humanitaires”, précisent les experts.
“Le groupe a reçu de nombreux rapports faisant état d’assassinats aveugles de civils non armés par des instructeurs russes”, insiste le rapport, qui détaille plusieurs événements et relève leur implantation dans les régions minières centrafricaines.
Le nombre d'”instructeurs” en question
Si au 18 avril, Moscou reconnaissait le déploiement en Centrafrique de “532 instructeurs” et affirmait que ce nombre “n’avait jamais dépassé 550”, les experts “ont noté que plusieurs sources estimaient que ce chiffre était considérablement plus élevé, allant de 800 à 2 100”.
Cette estimation n’inclut pas 600 instructeurs russes supplémentaires dont le déploiement a été annoncé à l’ONU en mai par la Centrafrique.
Les experts ont “également reçu de multiples témoignages de sources locales et des Faca selon lesquels les instructeurs déployés comprenaient des individus qui se sont identifiés comme ressortissants de la Libye, de Syrie et d’autres pays”, précisent-ils dans leur document.
De nombreux témoignages dans de multiples lieux de Centrafrique, d’autorités locales, des Faca, des forces de sécurité internes, font aussi état “d’une participation active des instructeurs russes dans des combats au sol, souvent en tête des opérations et non comme soutien aux Faca lors de leurs avancées dans les villes et villages”, indique aussi le rapport.
Exactions de la Coalition des patriotes
Le document détaille aussi les exactions commises à l’encontre de civils par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), créée fin 2020 et réunissant plusieurs groupes armés contrôlant de larges parties du pays et déterminés à faire tomber le pouvoir centrafricain.
“Les violations généralisées du droit international humanitaire commises par des groupes affiliés au CPC comprenaient le recrutement forcé d’enfants, les attaques contre les soldats de la paix, les cas de violence sexuelle et le pillage d’organisations humanitaires”, selon les experts.
Dans ses recommandations, le groupe de l’ONU recommande au Conseil de sécurité d’élargir sa liste de personnes sanctionnées en Centrafrique et de prolonger l’embargo sur les armes, qui expire le 31 juillet et dont la Centrafrique, la Russie, la Chine et plusieurs pays africains demandent la levée.
Avec AFP