Avancé d’une semaine en raison des JO de Tokyo, le Tour de France s’élance samedi de Brest. Qui succédera à Tadej Pogacar, vainqueur de la dernière édition ? Tour d’horizon des coureurs à surveiller.
Plateau relevé et températures estivales. Le Tour de France 2021 s’annonce comme celui du retour à la normale pour la plus célèbre des épreuves cyclistes. Au départ de Brest, samedi 26 juin, ils seront 184 coureurs à rêver de revêtir la fameuse tunique jaune de leader du classement général.
Pendant trois semaines, les coureurs rivaliseront sur les routes et dans les cols de l’Hexagone pour s’emparer du maillot jaune. Tour d’horizon des principaux prétendants à la victoire finale.
• Tadej Pogacar (UAE Emirates) : candidat à sa propre succession
En 2020, il s’est révélé au public du Tour de France. Alors qu’on pensait le maillot jaune impossible à déloger de son compatriote Primoz Roglic, Tadej Pogacar a grappillé du temps seconde par seconde avant de renverser la situation sur l’inoubliable contre-la-montre de la Planche des Belles Filles. Le lendemain, il devenait, à 21 ans et 363 jours, le deuxième plus jeune vainqueur de l’histoire du Tour de France.
Tadej Pogacar est naturellement candidat à sa propre succession. Après une première partie de saison qui l’a vu remporter le Tour des Émirats arabes unis, Tirreno-Adriatico et le monument Liège-Bastogne-Liège, le jeune prodige a fait le choix d’une grande coupure pour préparer la Grande Boucle. Il a choisi de se préparer chez lui, en Slovénie, en courant sur le Tour national – qu’il a remporté.
Interrogé sur le Tour de France, il a estimé que cette édition 2021 allait être “plus difficile que l’année dernière, c’est sûr”. Tous les signaux semblent au vert pour le coureur de l’UAE Emirates, excepté sa défaite sur l’épreuve de contre-la-montre au championnat de Slovénie alors qu’il était favori.
• Primoz Roglic (Jumbo-Visma) : une revanche à prendre
L’an dernier, il semblait intouchable. Puis, Tadej Pogacar l’a fait craquer dans le dernier chrono, un exercice où il est pourtant à l’aise. Si Roglic s’est consolé en remportant le Tour d’Espagne, le maillot jaune du Tour de France reste son objectif.
Changement de méthode pour le leader de Jumbo : il est désormais leader incontesté de son équipe en lieu et place du triumvirat qu’il composait avec Steven Kruijswijk et Tom Dumoulin l’an dernier. Plus important encore, il a renoncé à toute compétition depuis avril pour préparer la Grande Boucle à grands renforts d’entraînements, de stages en altitude et de repérages des contre-la-montre. Un pari risqué car Primoz Roglic risque de se retrouver en manque de repères au sein du peloton.
Parviendra-t-il cette année à tenir trois semaines ? La question mérite d’être posée tant le Slovène est habitué à craquer dans la dernière ligne droite des courses : outre le Tour l’an passé, il a abandonné le Dauphiné 2020 lors de la dernière étape alors qu’il était leader. Et lors de Paris-Nice 2021, il a complètement craqué dans la dernière étape alors qu’il semblait intouchable.
• Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step) : la meilleure carte tricolore ?
Maillot arc-en-ciel sur les épaules, Julian Alaphilippe représente certainement la meilleure chance française sur ce Tour de France. Solide en contre-la-montre, correct en montagne et toujours présent dans les grands rendez-vous, il a les arguments pour briller une nouvelle fois, d’autant qu’il a fait de la Grande Boucle un de ses objectifs majeurs de l’année.
Ces deux dernières années, le Berrichon a pris l’habitude de retrouver le maillot jaune l’été venu. L’an passé, il l’a porté trois journées avant de le perdre sur une erreur de logistique. En 2019, il avait fait rêver la France entière en arborant la tunique 14 jours, réveillant les espoirs de voir enfin un successeur à Bernard Hinault, dernier vainqueur tricolore du Tour, en 1984.
Pour le champion du monde, le tracé peut être propice à une nouvelle épopée : une deuxième étape avec arrivée à Mûr-de-Bretagne, où le coureur peut faire parler ses qualités de puncheur pour remporter l’étape et le maillot jaune, et ensuite une longue défense face aux adversaires sur un parcours présentant moins de haute montagne que les autres années. Le scénario semble parfait. Avec en conclusion une photo sur le podium des Champs-Élysées, où il porte le maillot jaune et son fils Nino, né récemment – et pour qui il fait l’impasse sur les JO de Tokyo.
“C’est un très bon parcours pour lui”, analyse Yvon Madiot, directeur sportif pour ses concurrents de la Groupama-FDJ. “Le Tour est dessiné pour lui, volontairement ou non, avec des arrivées au bas des descentes et pas énormément de montagne. On a déjà vu par le passé qu’il pouvait passer les cols avec les meilleurs.”
• Geraint Thomas (Ineos-Grenadiers) : le retour du Gallois
Ineos a gagné sept des neuf dernières éditions du Tour. Quand l’équipe vient sur la Grande Boucle, ce n’est jamais pour faire de la figuration. Cette année, c’est à Geraint Thomas que revient la charge de ramener le maillot jaune à la maison.
Après une année 2020 compliquée, le vainqueur du Tour de France 2018 semble avoir, à 35 ans, de nouveau les moyens de ses ambitions. Cette année, il s’est offert le classement général du Tour de Romandie et a terminé 3e du Tour de Catalogne et du Critérium du Dauphiné.
Cependant, dans une équipe comme Ineos-Grenadiers, le danger vient parfois de ses propres coéquipiers. Geraint Thomas sera entouré par une armada de lieutenants qui pourraient très bien jouer leur carte personnelle : Richie Porte, récent vainqueur du Dauphiné et 3e en 2020, Richard Carapaz, récent vainqueur du Tour de Suisse et lauréat 2019 du Tour d’Italie, ainsi que Tao Geoghegan Hart, vainqueur du Giro 2020.
• David Gaudu (Groupama-FDJ) : dans la peau d’un leader
Après des années dans l’ombre de Thibaut Pinot, David Gaudu est propulsé leader de l’équipe Groupama-FDJ pour la première fois sur un Tour de France. À 24 ans, le jeune coureur est l’un des plus grands espoirs du cyclisme français. Charge à lui de répondre aux attentes de ceux qui lui prédisent un grand avenir.
Le jeune Breton, qui évoluera à domicile pour les quatre premières étapes, a connu une préparation un peu tronquée par une chute. Cela ne l’a pas empêché de ramener le maillot blanc de meilleur jeune du Critérium du Dauphiné et de terminer 9e de cette épreuve traditionnellement considérée comme la rampe de lancement vers le Tour de France. Enfin, en première partie de saison, il est parvenu à battre Tadej Pogacar et Primoz Roglic lors de l’étape reine du Tour du Pays basque, ce qui pourrait laisser un léger espoir au Français.
• Miguel Angel Lopez (Movistar) : “Superman” à la conquête des sommets
Arrivé chez Movistar cet hiver, le Colombien Miguel Angel Lopez est l’un des leaders de la formation espagnole, au côté d’Enric Mas. Âgé de 27 ans, il a découvert la Grande Boucle pour la première fois en 2020. Une expérience concluante, puisqu’il s’est classé à la 6e place et a remporté l’étape-reine au col de la Loze.
Logiquement, le Colombien arrive dans la peau d’un prétendant au podium. Pour sa préparation, il a fait le choix de multiplier les courses : le Tour de Romandie, le Tour d’Andalousie ou encore le Dauphiné, où il a terminé 6e. Enfin, il s’est adjugé le Mont Ventoux Dénivelé Challenges, idéal pour repérer ce lieu clé de l’édition 2021 du Tour : une double montée du “mont chauve” est au programme du 7 juillet.
Cependant, le parcours et ses deux chronos risquent de coûter cher à “Superman” – son surnom depuis qu’il a repoussé deux assaillants ayant tenté de lui voler son vélo avec un couteau . En effet, le Colombien n’est que peu à l’aise sur l’exercice chronométré.
• Il faudra également les surveiller…
Outre les coéquipiers de Geraint Thomas déjà évoqués, la liste des outsiders est longue. Rigoberto Uran (Education-First) pourrait créer la surprise au classement général, tout comme Jack Haig (Bahrain Merida). Emanuel Buchmann et Wilco Kelderman, de l’équipe Bora-Hansgrohe, pourraient tirer leur épingle du jeu. Enfin, il ne faut jamais sous-estimer le Colombien Nairo Quintana (Arkea-Samsic), qui tente désespérément depuis plusieurs années de remporter le seul Grand Tour manquant à son palmarès.
De plus, la lutte pour le maillot vert de meilleur sprinteur pourrait donner lieu à des belles batailles : Peter Sagan voudra gagner sa huitième tunique verte après avoir accroché pour la première fois celle de meilleur sprinteur du Giro. Arnaud Démare a une équipe construite autour de lui pour son retour sur son tour national. Enfin, le revenant Mark Cavendish a retrouvé une nouvelle jeunesse grâce aux bons soins de son équipe Deceunick-Quick-Step. Jouera-t-il les troubles fêtes dans ce classement ?