Une frappe aérienne a tué plus de quarante personnes sur un marché de la ville de Togoga, dans la région éthiopienne du Tigré, en proie aux combats depuis novembre dernier.
Les massacres se poursuivent au Tigré. Une frappe aérienne a touché mardi un marché très fréquenté dans cette région éthiopienne en proie à la guerre, faisant des dizaines de blessés et un nombre indéterminé de morts, a-t-on appris mercredi 23 juin auprès de témoins et d’un médecin.
“Il y avait beaucoup de blessés et de morts, on marchait sur eux et dans leur sang”, a déclaré Birhan Gebrehiwet, dont la maison située près de ce marché de la localité de Togoga, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale régionale Mekele, a été “totalement détruite” dans l’explosion.
Le bilan précis était encore inconnu mercredi, l’accès à la zone étant bloqué par des soldats, d’après des témoins, médecins et ambulanciers interrogés par l’AFP. L’armée éthiopienne mène depuis novembre une opération militaire dans cette région du nord du pays contre les forces des anciennes autorités régionales.
“Ça venait des airs”
Six blessés, dont trois enfants âgés de deux, trois et six ans, ont pu atteindre l’hôpital de Mekele, a indiqué un responsable des urgences sur place. Mais “il y a 45 personnes blessées qui sont bloquées et sont en danger de mort”, a-t-il ajouté.
Selon les témoignages recueillis par l’AFP à Mekele, la frappe aérienne a touché mardi à la mi-journée un marché fréquenté de Togoga, vers 13 h, selon plusieurs d’entre eux.
“Ma maison a été totalement détruite. Nous avons été enterrés sous les murs et le toit”, a raconté Birhan Gebrehiwet, 20 ans, affirmant être “sûre que ça venait des airs”.
La famille d’un homme grièvement blessé et soigné à Mekele a déclaré à l’AFP que deux “explosions aériennes” ont frappé le marché et ses environs.
Hailu Kebede, un responsable d’un parti d’opposition au Tigré dont le frère tient un étal au marché, a indiqué que le marché était particulièrement fréquenté alors que la saison des plantations approche. Son frère lui a raconté que “c’est vers la mi-journée” qu’un ou plusieurs avions ont “bombardé le marché”, a-t-il relaté.
“Ramasser les blessés”
Une bombe a explosé vers 13 h, selon une femme qui a précisé que son mari et sa fille de 2 ans ont été blessés dans la frappe aérienne.
“Nous n’avons pas vu l’avion mais nous l’avons entendu”, a-t-elle déclaré. “Quand l’explosion s’est produite, tout le monde est sorti en courant – après un certain temps, nous sommes revenus et nous avons essayé de ramasser les blessés”.
Selon un responsable médical, au moins 43 personnes ont été tuées, citant des témoins et des premiers intervenants sur les lieux.
En novembre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale au Tigré pour arrêter et désarmer les dirigeants du TPLF, parti à l’époque au pouvoir dans cette région. Cette opération de “maintien de l’ordre” a été décidée après que les forces pro-TPLF ont attaqué des bases militaires, avait affirmé Abiy Ahmed.
Annoncée comme brève, cette opération militaire s’est transformée en un conflit de longue durée, marqué par de nombreux récits d’exactions sur les populations civiles (massacres, viols…).
Le blocage des ambulance en question
Le porte-parole de l’armée éthiopienne, le colonel Getnet Adane, n’a ni confirmé ni démenti l’incident. Il a déclaré que les frappes aériennes étaient une tactique militaire courante et que les forces ne ciblaient pas les civils.
Un porte-parole du Premier ministre, Abiy Ahmed, et le chef d’un groupe de travail gouvernemental sur le Tigré n’ont pas répondu aux demandes de commentaires sur l’incident.
Trois autres agents de santé ont déclaré à Reuters que l’armée éthiopienne empêchait les ambulances de se rendre sur les lieux.
Selon un travailleur médical, environ 20 personnels de santé dans six ambulances ont essayé de rejoindre les blessés, mais ont été immobilisés par des soldats à un poste de contrôle.
“Ils nous ont dit que nous ne pouvions pas aller à Togoga. Nous sommes restés plus d’une heure au poste de contrôle à essayer de négocier, nous avions une lettre du bureau de la santé – nous leur avons montré. Mais ils ont dit que c’était un ordre.”
Getnet Adane a nié le blocage des ambulances.
Avec AFP