Après son match nul contre l’Écosse, l’Angleterre est attendue au tournant face à la République tchèque. Avec quatre points, elle est actuellement deuxième du groupe D. Les “Three Lions” doivent impérativement battre la République tchèque pour terminer à la première place. Dans l’autre match, les Écossais espèrent se hisser en huitièmes de finale de l’Euro aux dépens des Croates, apparus sur le déclin.
Considérée comme l’un des favoris de l’Euro-2021, l’Angleterre n’a pour l’instant pas vraiment marqué les esprits en phase de groupes. Les Trois Lions vont jouer gros, mardi 22 juin, à Wembley, contre la République tchèque. Ils ne seront pas seulement jugés sur une qualification probable en huitièmes de finale, mais aussi sur la manière.
Avec quatre points, l’Angleterre est actuellement deuxième du groupe D, derrière son futur adversaire à la seule différence de buts (+1 contre +2). Un nul entre Anglais et Tchèques suffirait à assurer la qualification des deux équipes. Mais il priverait les hommes de Gareth Southgate d’un huitième de finale à Wembley, même si l’adversaire pourrait être relevé (France, Allemagne ou Portugal).
Signe du trouble profond laissé par le 0-0 insipide contre l’Écosse vendredi, certaines voix se sont d’ailleurs interrogées ce week-end sur les mérites d’une deuxième place et de son huitième moins relevé, contre le deuxième du groupe E (Espagne, Suède, Pologne et Slovaquie).
Une équipe trop jeune ?
Le désenchantement est à la mesure de l’enthousiasme qui entourait cette équipe jeune et talentueuse à son entrée dans la compétition. Avec un groupe de 26 construit autour de Manchester City, champion d’Angleterre et finaliste de la Ligue des champions, Chelsea, vainqueur de la C1, et Manchester United, finaliste de la Ligue Europa, l’équipe de sa gracieuse majesté espérait surfer sur la dynamique positive de ses clubs.
Mais après un début encourageant contre la Croatie (1-0), les doutes sur le système et les hommes ont resurgi. La jeunesse de l’effectif – le onze aligné vendredi, âgé de 25 ans et 31 jours en moyenne, était le plus jeune pour l’Angleterre dans une compétition internationale – a parfois été avancé comme explication. “C’est un groupe relativement inexpérimenté, je crois que c’est le troisième plus faible total de sélections dans le tournoi”, avait plaidé Gareth Southgate.
Mais il est surprenant que trois ans après une demi-finale de Coupe du monde, dont huit des onze titulaires sont encore dans le groupe, l’équipe de Southgate semble encore en rodage. “Contre l’Écosse (…) beaucoup ont vécu une expérience très différente de ce qu’ils ont pu connaître avant”, a-t-il asséné, alors qu’ils affrontaient une équipe qui n’avait pas disputé de phase finale majeure depuis 23 ans. “Nous voulons nous améliorer et c’est ce pour quoi on va travailler avant de jouer la République tchèque”, avait encore ajouté le sélectionneur.
Face à une équipe qu’ils avaient laminée (5-0) à Wembley en éliminatoires, avant de subir leur seul accroc à Prague (2-1) dans un groupe A qu’ils avaient survolé en marquant 37 buts en 8 matches, des changements sont à attendre.
Un Harry Kane décevant
À l’arrière, un retour de Harry Maguire, qui apporterait un supplément de leadership à une équipe qui en manque cruellement, n’est pas à exclure, mais c’est surtout en attaque que se situe le chantier. Bien que très décevant jusqu’ici, Harry Kane garde son totem d’immunité.
“Il est fondamental non seulement par les buts qu’il marque, mais aussi dans la construction et par tout ce qu’il apporte d’autre. C’est notre joueur le plus important”, a affirmé Southgate, balayant tout doute sur la présence de son capitaine, malgré six petits tirs, dont aucun cadré, en deux matches.
Les regards se tournent forcément vers Jack Grealish et Marcus Rashford, peu utilisés jusqu’ici, ou Jadon Sancho, inutilisé, pour prendre la place de Phil Foden et Mason Mount, voire de Raheem Sterling, malgré son but victorieux du premier match.
Les Tchèques dépendent de Schick
Alors qu’un nul contre l’Angleterre, leur suffirait à finir premier du groupe et qu’une qualification est possible en cas de défaite, les Tchèques affirment pour leur part ne rien calculer. “On veut tous gagner le match”, a clamé lundi le capitaine tchèque, Vladimir Darida, en conférence de presse. “On veut se qualifier par nos propres moyens sans regarder les autres résultats “, a-t-il assuré.
Les joueurs de Jaroslav Silhavý savent qu’ils devront surtout se méfier d’Harry Kane. Muet face au but, le numéro 9 de l’équipe d’Angleterre pourrait être piqué au vif. “Harry Kane est un très bon attaquant très intelligent, très bon buteur. Mais comme à Prague (lors de la victoire 2-1 des Tchèques), il faudra bien défendre sur lui et on doit le marquer à deux. Il avait réussi à marquer quand même, mais j’espère que demain (mardi) on sera assez fort pour le neutraliser”, a expliqué le sélectionneur chèque.
Les Tchèques devront également trouver d’autres solutions en attaque. Tous leurs buts ont pour l’instant été inscrits par Patrik Schick depuis le début de l’Euro. “On ne peut pas avoir qu’un seul buteur si on veut aller loin dans la compétition, donc on doit tirer davantage, surtout les milieux de terrain, et aller davantage sans la surface de réparation adverse”, estime ainsi le capitaine Vladimir Darida.
L’Écosse aux portes de l’histoire
Dans l’autre rencontre du groupe, l’Écosse peut rêver de passer le premier tour d’un grand tournoi pour la première fois de son histoire. Une victoire contre la Croatie suffirait à sceller sa qualification. Soit comme l’un des quatre meilleurs troisièmes, soit directement comme deuxième du groupe D si l’Angleterre est battue simultanément par la République tchèque et que sa différence de but est inférieure aux Écossais.
Mais la “Tartan army” va devoir se passer de son milieu de terrain Billy Gilmour, testé positif au Covid-19. C’est un coup dur, d’autant que le jeune joueur de Chelsea (20 ans) avait été éblouissant contre l’Angleterre, lors du nul (0-0) à Wembley lors du match précédent.
Les Écossais vont espérer s’en remettre à “Super John McGinn”. Le milieu relayeur d’Aston Villa a jusqu’ici plus fait parler par les chants écossais que les buts : l’équipe n’en a toujours inscrit aucun après deux matches.
Le natif de Glasgow, dont le grand-père Jack McGinn fut président de la fédération écossaise, a été le meilleur buteur de l’équipe lors de la campagne de qualification à l’Euro avec sept buts, pas négligeable pour un milieu de terrain. Et il est actuellement le meilleur réalisateur de la sélection en 2021 avec trois buts, dont un de toute beauté contre l’Autriche en mars.
Dans le camp adverse, la Croatie, finaliste de la dernière Coupe du monde, n’en finit pas de décevoir, mais une victoire lui garantira de passer parmi les meilleurs troisièmes. Les yeux des supporters croates seront braqués sur la star Luka Modric. Mais “Lukita” est à la peine dans cet Euro, à l’image d’une équipe croate évanescente. “Nous sommes loin de la façon dont nous jouions avant”, a admis Modric après le match nul 1-1 contre la République tchèque.
Sans l’énergie dans l’entrejeu d’Ivan Rakitic et sans le tranchant en attaque de Mario Mandzukic, qui ont tous deux pris leur retraite internationale, la Croatie a paru poussive lors de ses deux premières rencontres. “Pour l’instant, nous ne sommes pas la Croatie que nous souhaiterions tous”, a été obligé de constater Modric, 61 matches au compteur cette saison, entre le Real Madrid et la sélection.
L’Écosse n’a ni le lustre, ni les noms de la Croatie, mais elle sera poussée à Hampden Park par 12 000 supporters rangés derrière “McGinn, Super John McGinn”. De quoi faire déjouer les vice-champions du monde ?
Avec AFP