Repoussée d’un an en raison de la pandémie de Covid-19, la 16e édition du Championnat d’Europe de football commence vendredi. La situation sanitaire va impacter grandement le quotidien des vingt-quatre équipes en compétition, ainsi que celui des spectateurs.
Le Portugal, vainqueur de l’Euro-2016 en France, sera resté champion d’Europe cinq ans au lieu de quatre. Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers auraient dû remettre leur couronne en jeu l’été dernier. Mais en mars 2020, alors que le Covid-19 se répandait partout dans le monde, l’UEFA décidait de reporter le rendez-vous européen à juin-juillet 2021.
L’attente touche à sa fin. Vendredi 11 juin, à Rome, la Turquie et l’Italie lancent cet Euro-2021 particulier. Cette édition se veut spéciale à bien des égards. Déjà, il s’agit de la première à ne pas se dérouler dans un ou deux pays-hôtes, mais dans onze (douze prévus à l’origine). Telle était la volonté de l’ancien président de l’UEFA, Michel Platini, pour le 60e anniversaire de l’Euro. L’autre facteur particulier de cet Euro-2021, c’est bien sûr le Covid-19.
Du public dans tous les stades
L’UEFA s’est adaptée au contexte sanitaire. Le 23 avril, son comité exécutif a confirmé que tous les matches accueilleront du public à différents niveaux, calculés en fonction des règles propres à chaque pays.
Budapest veut ainsi remplir la Puskas Arena à 100 % (61 000 spectateurs). La Hongrie est le seul pays à viser un stade plein. Bakou et Saint-Pétersbourg promettent une jauge à 50 % (respectivement 31 000 et 30 500 spectateurs). Pour les autres, ce sera entre 22 et 33 % des capacités de chaque stade.
L’UEFA a dû prendre des décisions importantes. Bilbao n’étant pas en mesure de garantir qu’il pourrait accueillir du public à environ 25 % des capacités du stade San Mamés, et la ville basque a été remplacée par Séville. Une situation similaire a poussé l’UEFA à retirer l’Irlande de la liste des pays-hôtes de l’Euro-2021 ; les quatre matches prévus à l’Aviva Stadium de Dublin ont été réattribués à Londres et Saint-Pétersbourg.
“Je suis vraiment satisfait que nous soyons en mesure d’accueillir des spectateurs lors de tous les matches, pour cette grande fête du football des équipes nationales sur l’ensemble du continent”, s’est félicité Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA.
Vaccins, tests et masques pour les spectateurs
Les spectateurs, notamment ceux venant de l’étranger, devront montrer patte blanche. Plusieurs villes n’autoriseront l’accès aux stades que sur présentation de l’un de ces trois justificatifs : un certificat de vaccination complète contre le Covid-19, un certificat de contamination antérieure ou d’un test PCR/test antigène négatif datant de moins de 72 heures.
Des exceptions pourront s’appliquer. À Amsterdam, une attestation de vaccination complète ne suffira pas : les spectateurs devront aussi présenter un test négatif en plus. Du côté de Budapest, le personnel contrôlera la température des fans et refusera l’accès aux personnes ayant une température supérieure ou égale à 37,8°C. Dans certaines villes, les tests seront payants.
Les gestes barrières seront encore appliqués partout, avec là aussi des particularités possibles. À Munich, par exemple, les spectateurs devront impérativement porter un masque de type FFP2. Pour accéder aux stades, un système d’entrées échelonnées devrait aussi être appliqué.
Les conditions de déplacement seront propres à chacun des onze pays organisateurs. Les détails spécifiques à chacun sont indiqués sur cette page sur le site de l’UEFA. Des difficultés sont redoutées car certains pays comme le Royaume-Uni sont stricts et exigent plusieurs jours de quarantaine. Mais des assouplissements sont à l’étude pour éviter tout couac. L’UEFA veut que cet Euro soit une compétition “sûre et festive”.
Les Bleus dans une bulle très stricte
Suivant les consignes données par l’UEFA, les 24 sélections sont dans des bulles sanitaires depuis le début de leur préparation il y a deux semaines, et ce jusqu’à la fin de la compétition. Il s’agit, une fois de plus, d’éviter les contaminations. “On est dans une bulle très stricte où tout est réduit. On n’a aucune liberté par rapport à l’extérieur”, expliquait Didier Deschamps, le sélectionneur de l’équipe de France, le 26 mai.
Ses hommes sont testés régulièrement et n’ont quasiment aucun contact avec l’extérieur, à commencer avec les supporters. “Ce n’est jamais agréable, mais on n’a pas le choix”, a commenté le coach tricolore. Cyril Moine, préparateur physique des Bleus, a confié à l’AFP combien ce contexte peut peser sur les champions du monde en titre. Car un test positif au sein du groupe français aurait des conséquences bien fâcheuses.
“C’est une pression supplémentaire, une épée de Damoclès pour les joueurs et nous, le staff. On doit être extrêmement vigilant par rapport au virus, d’où la création d’une bulle, cette vigilance pour les entrées et sorties. Il n’y a aucune possibilité. On reste entre nous, on n’a aucun contact. Ce n’est quand même pas toujours simple, psychologiquement, même si on fait un superbe métier”, a-t-il expliqué.
Si l’Équipe de France n’a pas eu à déplorer de cas de Covid-19 jusqu’à présent, d’autres ont eu moins de chance. Jasper Cillessen, gardien des Pays-Bas, a été testé positif fin mai. Le sélectionneur batave, Frank de Boer, n’a pas voulu prendre de risque et l’a écarté de son groupe définitif. Une décision que Cillessen ne digère pas, alors que De Boer l’avait inscrit sur sa première liste en sachant pour ce test positif. “Je ne me suis jamais senti aussi impuissant et en colère”, a lâché le portier au quotidien néerlandais De Telegraaf.
L’Espagnol Busquets positif au Covid-19 et incertain
L’Espagne, elle, est dans une situation encore plus complexe avec Sergio Busquets. Le capitaine a été testé positif, le 6 juin, et a dû quitter le groupe pour s’isoler pendant dix jours. Ses coéquipiers doivent maintenant s’entraîner individuellement. Et Busquets ? Le milieu de terrain ne sera pas là pour l’entrée en lice des Espagnols contre la Suède, le 14 juin. Mais il n’est pas sûr que le Barcelonais puisse participer à la suite de la compétition.
Luis Enrique, le sélectionneur de l’Espagne, a jusqu’au 12 juin pour trancher. Soit il garde Busquets, en espérant qu’il sera guéri et capable de performer sur le terrain malgré le manque de rythme. Soit il le remplace par un réserviste. Un camouflet qui avait décidé de ne convoquer que 24 hommes, alors que l’UEFA autorise pour cet Euro 26 joueurs par sélection au lieu des 23 habituels, pour justement donner plus de souplesse aux équipes confrontées à ce contexte sanitaire.
Le Covid-19 pourrait encore jouer les trouble-fêtes durant la compétition. L’UEFA a fixé ses règles. Une équipe touchée par le Covid-19 sera tenue de jouer si elle dispose d’au moins 13 joueurs valides, dont un gardien. Si ce n’est pas le cas, le match pourra être repoussé de 48 heures maximum. Et si, malgré ce délai, le match ne peut toujours pas se tenir, l’équipe en question perdrait le match par forfait sur le score de 3 buts à 0. Ce serait une première dans l’histoire de l’Euro.
• en Allemagne (Allianz-Arena – Munich), quatre matches dont un quart de finale
• en Angleterre (Stade de Wembley – Londres), huit matches dont les demi-finales et la finale
• en Azerbaïdjan (Stade olympique – Bakou), quatre matches dont un quart de finale
• au Danemark (Parken Stadium – Copenhague), quatre matches
• en Écosse (Hampden Park – Glasgow), quatre matches
• en Espagne (Stade La Cartuja – Séville), quatre matches
• en Hongrie (Puskas Arena – Budapest), quatre matches
• en Italie (Stade olympique – Rome), quatre matches dont un quart de finale
• aux Pays-Bas (Johan Cruyff Arena – Amsterdam), quatre matches
• en Roumanie (Arena Nationala – Bucarest), quatre matches
• en Russie (Gazprom Arena – Saint-Pétersbourg), sept matches dont un quart de finale