Le parti conservateur Disy du président Nicos Anastasiades est arrivé, dimanche, en tête des élections législatives dans la partie grecque de Chypre, avec 27 % des voix, selon les résultats officiels publiés dans la soirée.
Malgré la gronde, le camp présidentiel remporte les élections. Le parti conservateur Disy du président chypriote Nicos Anastasiades est arrivé, dimanche 30 mai, en tête des élections législatives dans la partie grecque de l’île, avec 27 % des voix, selon les résultats officiels publiés dans la soirée. Il a toutefois perdu un siège et devra former un gouvernement minoritaire, alors que l’extrême droite sort renforcée du scrutin.
Ces élections se sont déroulées dans un contexte de colère populaire après le scandale des “passeports en or”, un programme d’octroi de passeport contre investissements aboli en raison d’allégations de corruption, exploité par l’extrême droite qui sort renforcée du scrutin.
Le parti communiste Akel a remporté 22 % des voix alors que le parti ultra-nationaliste Elam a doublé sa représentation, passant de deux à quatre députés avec 6,78 % des voix.
Le parti Disy a perdu un siège et ne dispose donc pas de la majorité au Parlement, ce qui va forcer le président Anastasiades à former à nouveau un gouvernement minoritaire.
Plus de 558 000 personnes étaient appelées à départager 658 candidats, dont moins d’un quart de femmes, pour cette élection tenue dans la partie sud de l’île où la République de Chypre, membre de l’Union européenne, exerce son autorité.
L’île est divisée depuis l’invasion en 1974 du tiers nord par l’armée turque, en réaction à un coup d’État visant à rattacher l’île à la Grèce. L’autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN) est reconnue uniquement par Ankara.
La participation au scrutin s’est élevée à 63,9 %, contre 66,7 % en 2016. Un taux jugé “satisfaisant” au regard du contexte sanitaire par le directeur du scrutin Costas Constantinou.
Record européen de primo-demandeurs d’asile
Selon des analystes, les différents partis d’opposition n’ont pas su exploiter la colère de l’électorat contre le gouvernement après le scandale de corruption, permettant aux conservateurs de se maintenir en tête.
Pratique controversée soupçonnée de favoriser la corruption et le blanchiment d’argent, le dispositif des “passeports en or”, délivrés contre un investissement de 2,5 millions d’euros sur l’île à des milliers de citoyens étrangers, a été critiqué par l’Union européenne et supprimé en novembre après une enquête d’Al-Jazira sur des abus présumés.
Les révélations de la chaîne qatarie avaient entraîné la démission du président du Parlement et d’un député, qui ont clamé leur innocence après avoir été filmés en train, selon Al-Jazira, de faciliter l’obtention d’un passeport pour un homme d’affaires chinois avec des antécédents criminels.
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Les ultra-nationalistes d’Elam ont surfé sur le mécontentement de la population après ce scandale, mais aussi sur les craintes concernant l’immigration sur l’île méditerranéenne.
Selon Eurostat, Chypre détient le record européen de primo-demandeurs d’asile par rapport à sa population de moins d’un million d’habitants. La semaine dernière, Chypre s’est dit en “état d’urgence” à cause de l’afflux de migrants venus de Syrie.
Pour une fois, la question de la partition de l’île n’a pas été au cœur des débats. Les négociations sur une réunification sont au point mort depuis 2017 et une rencontre sous l’égide de l’ONU à Genève, fin avril, n’est pas parvenue à les relancer.
Avec AFP