Le président biélorusse Alexandre Loukachenko doit s’exprimer mercredi devant le Parlement, tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir à huis clos pour évoquer le détournement d’un avion de ligne européen. Mais les diplomates s’attendent à ce que la Russie s’oppose à une déclaration commune.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, accusé d’avoir fait détourner un avion de ligne européen pour arrêter un opposant à bord, prononcera mercredi 25 mai un discours devant le Parlement tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir une réunion à huis clos.
Alexandre Loukachenko est resté silencieux au milieu d’une avalanche de déclarations indignées, européennes et américaines, et d’annonces de sanctions, depuis l’interception dimanche par un avion de chasse MiG-29 d’un vol Athènes-Vilnius de la compagnie Ryanair, pendant qu’un contrôleur aérien affirmait qu'”une bombe” se trouvait à bord et “recommandait” au pilote d’atterrir à Minsk.
À l’arrivée, deux passagers – Roman Protassevitch, un journaliste d’opposition de 26 ans exilé en Lituanie, et sa compagne russe, Sofia Sapega, ont été arrêtés.
“Ils vont le tuer “
Natalia, 46 ans, la mère du photographe et militant, dit n’avoir pas dormi depuis deux nuits, serrant son téléphone dans ses mains, dans l’espoir de recevoir des nouvelles. “Je demande, je supplie, j’appelle toute la communauté internationale à le sauver”, a-t-elle lancé, fondant en larmes, lors d’un entretien accordé à l’AFP à Wroclaw, en Pologne, où le couple s’est installé. “S’il vous plaît, sauvez-le ! Ils vont le tuer !”
Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra mercredi en milieu de journée une réunion informelle d’urgence à huis clos sur le sujet, ont indiqué à l’AFP des sources diplomatiques. Cette session qui devrait être virtuelle a été demandée par la France, l’Irlande et l’Estonie, ont précisé des diplomates.
Interrogés par l’AFP, des diplomates ont jugé peu probable que le Conseil de sécurité de l’ONU puisse s’entendre lors de cette réunion sur une déclaration commune. Soutien de la Biélorussie, la Russie devrait s’y opposer, a prédit l’un d’eux s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Nombre de compagnies aériennes ont suivi mardi la recommandation de l’Union européenne de contourner le pays et ont suspendu leur vols, l’espace aérien européen ayant en outre été fermé aux appareils biélorusses.
Des dirigeants européens ont continué mardi d’exprimer leur colère et leur exaspération. Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a assuré qu’Alexandre Loukachenko devait “payer le prix fort” pour son “acte infâme”, le président français Emmanuel Macron estimant lui que “la politique des sanctions” était arrivée à ses “limites”.
La Biélorussie a invité mardi les organisations internationales à venir établir “les circonstances” du détournement de l’avion par Minsk, l’Association internationale du transport aérien (IATA) et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), dépendante de l’ONU, ainsi que des autorités américaines et de l’UE.
Pression de l’opposition
De son côté, l’opposition biélorusse, dont la plupart des représentants sont exilés ou emprisonnés, a réclamé de nouvelles représailles. Exilée en Lituanie, l’ex-candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa a appelé “les États-Unis à isoler le régime et à faire pression avec des sanctions”.
Elle a aussi réclamé “la participation des forces démocratiques bélarusses au G7” du 11 au 13 juin au Royaume-Uni, Emmanuel Macron s’y disant favorable. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lui dit “soutenir fermement une action via toutes les institutions internationales possibles”, y compris l’Otan.
Avec AFP