Dans un rapport publié jeudi, neuf ONG dont Générations futures dénoncent la présence de produits chimiques perfluorés, connus pour leurs effets néfastes sur la santé, dans des emballages alimentaires vendus en Europe. Elles exigent de l’Union européenne leur interdiction pour “tout usage non essentiel”.
Des emballages de notre croissant ou de notre sandwich à la boulangerie aux boîtes de nourriture à emporter du supermarché, en passant par les boîtes de hamburgers au fast-food, même sans plastique, ces emballages alimentaires contiennent des PFAS. Des substances nocives souvent appelées “produits chimiques éternels” car elles ne se dégradent pas, qui peuvent contaminer la nourriture et s’accumuler dans notre corps pendant plusieurs mois.
C’est en tout cas ce qu’affirment neuf ONG européennes dont Générations futures, dans un rapport publié jeudi 20 mai. Elles demandent à l’Union Européenne d’exclure ces produits chimiques des usages non essentiels.
Les ONG ont analysé des emballages alimentaires sans plastique en France, en Allemagne, aux Pays-Bas en République tchèque, au Royaume-Uni où ils sont autorisés et au Danemark, où l’utilisation de PFAS dans les emballages alimentaires en papier et carton a été interdite en juillet 2020.
Elles ont notamment ciblé des enseignes de restauration rapides (McDonald’s, Dunkin Donuts et Domino’s Pizza), des restaurants de vente à emporter, des supermarchés et des entreprises de vente d’emballages alimentaires en ligne, retenant 42 échantillons, dont six en France, pour “confirmer ou non la présence de PFAS, qui peuvent être introduits de manière volontaire ou retrouvés sous forme de traces”.
Et le résultat est probant : “des traces de PFAS ont été détectées dans tous les échantillons sélectionnés pour l’analyse en laboratoire”, avec les concentrations les plus élevées dans “les produits en fibre moulée, par exemple des bols, des assiettes et des boîtes alimentaires, annoncés comme des produits jetables, biodégradables ou compostables.”
“Produits chimiques éternels”
Les substances perfluoroalkylées, ou PFAS, qui “s’accumulent dans l’organisme” pendant des mois, sont “utilisées dans un large éventail de secteurs industriels (notamment textile, produits ménagers, lutte contre le feu, industrie automobile, transformation des aliments, construction, électronique)”, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a établi en septembre 2020 un seuil de sécurité pour certaines de ces substances.
Les PFAS, connues pour leur capacité à ne pas se détériorer, souvent qualifiés de “produits chimiques éternels”, sont connus pour avoir un impact sur le cholestérol, être liées à des cancers ou à l’obésité et même diminuer la réponse immunitaire à la vaccination.
Interdire les usages “non essentiels”
Les neuf ONG sonnent l’alarme et demandent à l’Union européenne d’interdire et de “stopp(er) l’utilisation des PFAS pour toutes les applications qui ne sont pas essentielles à la santé, à la sécurité et au fonctionnement de la société” ajoutant que “leur utilisation dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetables est un exemple de ces utilisations évitables”.
Elles appellent également les gouvernements hors Union européenne de “développer des restrictions similaires”, aux entreprises d’éliminer ces substances sans attendre ou encore aux citoyens d'”apporter leurs propres récipients alimentaires réutilisables” quand ils prennent à emporter.
De son côté, l’association de consommateurs française UFC-Que Choisir s’est intéressée à la vaisselle jetable, qui remplace les produits en plastique depuis leur interdiction, c’est-à-dire les emballages à base de de pulpe végétale ou de feuilles de palmier ou, pour les pailles notamment, de papier ou de carton.
Résultat le “sans plastique” n’est pas bon pour la santé : “66 % des échantillons testés contiennent des composés perfluorés”, utilisés pour que la vaisselle résiste à l’eau et aux graisses sans se déliter, mais dont certains sont “cancérogènes, immunotoxiques, toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens”.
Et ces composés vont bien “au-delà des recommandations, parfois largement”, indique UFC-Que Choisir dans une étude publiée mercredi.
L’association demande à l’Union Européenne une liste “précise” des matériaux et additifs pouvant être utilisés “sans danger” comme substituts aux plastiques pour la vaisselle jetable d’ici fin 2022.
Des produits “biodégradables” dangereux pour l’environnement
L’ UFC-Que Choisir demande également “de renforcer le contrôle des allégations environnementales, notamment relatives au compostage”, alors que ces produits, présentés souvent comme compostables ou biodégradables, peuvent polluer les sols.
La plupart des PFAS ne se dégradent pas après utilisation ou rejet dans l’environnement et peuvent contaminer des eaux souterraines, des eaux de surface et le sol. Le nettoyage des sites pollués est techniquement difficile et coûteux.
Avec AFP