Une semaine après l’incendie de la cathédrale de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, le parquet de Nantes a requis, samedi, le placement en détention d’un bénévole du diocèse, affecté à la garde de l’édifice. Il a été mis en examen pour “destructions et dégradations par incendie”.
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Les circonstances de l’incendie dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes s’éclaircissent, la piste criminelle est désormais plébiscitée. Un bénévole du diocèse, un temps interpellé puis relâché, a été mis en examen et placé en détention provisoire dans la nuit de samedi 25 à dimanche 26 juillet pour “destructions et dégradations par incendie”, conformément aux réquisitions du parquet. Il encourt pour cette infraction “une peine de 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende”, a ajouté le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès.
Une “communication ultérieure” sera faite une fois que seront connues les décisions du juge d’instruction et du juge des libertés et de la détention (JLD), a-t-il précisé.
Cet homme de 39 ans était chargé de fermer la cathédrale la veille de l’incendie. Il s’agit d’un “Rwandais, venu se réfugier en France il y a quelques années”, avait expliqué la semaine dernière à l’Agence France Presse (AFP) le recteur de la cathédrale de Nantes, le père Hubert Champenois.
Selon le recteur, le bénévole est “servant d’autel” et il le connaissait “depuis quatre ou cinq ans”. “J’ai confiance en lui comme en tous les collaborateurs”, avait-il expliqué à l’AFP.
Remis en liberté après une première garde à vue
Le bénévole avait été placé en garde à vue quelques heures après l’ouverture de l’enquête, le 18 juillet, puis remis en liberté le lendemain soir. Les enquêteurs souhaitaient l’interroger car aucune trace d’effraction n’avait été constatée sur les accès à l’édifice dans lequel trois points de départ de feu avaient été constatés.
Il a été de nouveau interpellé et placé en garde à vue samedi matin et présenté dans la soirée au parquet de Nantes qui a ouvert une information judiciaire, a précisé le procureur.
Dans le cadre de cette enquête, “plus de trente personnes” ont été entendues et une vingtaine d’enquêteurs de la police judiciaire ont été mobilisés, avec notamment le renfort du laboratoire central de la préfecture de police de Paris, afin de déterminer la cause de l’incendie, a expliqué dans un communiqué samedi soir Pierre Sennès. “Les premiers résultats communiqués par le laboratoire central de la préfecture de police de Paris amènent à privilégier la piste criminelle”, a-t-il ajouté.
L’enquête avait révélé l’existence de trois points de feu distincts dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. “Entre le grand orgue, qui est sur la façade au premier étage et les autres feux, vous avez quasiment toute la distance de la cathédrale. Ils sont quand même à une distance conséquente les uns des autres”, avait relevé le jour de l’incendie le procureur.
Une reconstruction “pierre par pierre”
L’alerte avait été donnée le 18 juillet vers 7 h 45 par des passants qui avaient vu des flammes sortant de la cathédrale. Il a fallu environ deux heures aux sapeurs-pompiers pour circonscrire le feu qui a notamment détruit un tableau d’Hippolyte Flandrin du XIXe siècle et le grand orgue.
En dehors du grand orgue dont “très peu, voire pas du tout d’éléments seront sauvables”, selon Philippe Charron, responsable du pôle patrimoine à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), “la plupart des œuvres ont été sauvées” et sont remisées “notamment dans le château de Nantes”.
“On va compter en semaines la mise en sécurité du site, (…) en mois l’investigation qui va se faire pierre par pierre” et, concernant la durée du chantier de reconstruction précédé d’une phase d’études, “là, l’unité sera plutôt l’année”, a estimé M. Charron. L’État “prendra toute sa part” dans la reconstruction, a promis le Premier ministre Jean Castex, venu à Nantes féliciter les sapeurs-pompiers le jour de l’incendie.
L’incendie de la cathédrale de Nantes, survenu 15 mois après celui de Notre-Dame de Paris, a suscité une vive émotion chez les Nantais, dont certains ont conservé le souvenir d’un précédent incendie de l’édifice, le 28 janvier 1972.
Avec AFP et Reuters